KATUTURA


lundi, avril 30, 2007
 
Les sentiments de Jésus



Qu’est-ce que Jésus ressentait en lui-même, lorsqu’il disait « Abba » ? C’était sûrement en lien avec la tendresse de Joseph et de Marie, ses parents. Mais c’était autre chose encore comme pour nous tous, et c’est « autre chose» qui respire en nous, c’est Dieu qui, Lui, est à l’origine de l’amour de nos parents.

Et Jésus, comme tant de personnes toutes simples savaient que le Créateur de l’Univers, de la terre de Palestine et de ses habitants, était tout simplement ce qui nous fait vibrer. C’est l’Amour qu’on nomme aussi Dieu.
Donc Jésus, en tant qu'enfant et fils de ce père créateur de tous et de tout, réfléchissait, se retirait dans un lieu tranquille, et apprenait à imiter ce Père créateur !

Comme je comprends ce que l'auteur de "Jesus today" dit: Jésus a appris à pardonner inconditionnellement, il a appris ce que veut dire avoir compassion !
« Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6 :36).

Jésus a appris que l’Amour ne connaît pas de frontières. "Le soleil brille pour tous, la pluie tombe pour tous selon le créateur et Jésus a appris à respecter les bons et les méchants"
selon Mathieu 5 :44-45)

Je trouve qu’il est difficile, pour ce qui me concerne, de prendre Jésus au sérieux… parce que je n’ai pas encore fait l’expérience de l’AMOUR, c’est-à-dire, je n’ai pas encore fait cette expérience mystique comme Jésus l’a faite. Mais ça viendra quand je ne m’y attend pas.

Schillebeeckx dit que cette expérience de Dieu a donné à Jésus la sagesse, la lucidité, la confiance et une liberté tellement profonde et vraie que tous s’en étonnaient.

Nous aussi on s'en étonne quand on y pense sérieusement!
Sans cette expérience-là, mais elle est aussi à notre portée si nous la souhaitons, Jésus n’aurait jamais eu la force, ni l’audace de faire ce qu’il a fait : montrer clairement que « un autre monde est possible ». Un monde qui est à l’envers de celui dans lequel nous vivons et que nous devons nous aussi mettre sens dessus dessous si nous voulons que l’espèce humaine survive !




dimanche, avril 29, 2007
 
Yechouah est un mystique



Contempler un homme et une femme unis dans une étreinte amoureuse, c’est toucher du doigt, discrètement, à distance respectueuse, une expérience mystique ! Le temps n’existe pas ni les passants ni la pluie ni le passé ni l’avenir : ce moment d’union mystique est une expérience de vie « hors espace-temps ». Quand on revient à soi, on est conscient que l’expérience mystique à fait surgir en nous, au-delà d’une paix qu’on ne saurait décrire, une énergie pour vivre et faire vivre !

Dieu m’a enrichie d’expériences mystiques, Oh ! pas souvent ! mais leur passage ne passe pas !
C'était en contemplant un regard, une main, une fleur, en écoutant chanter un ruisseau, c'était quand ma main était dans celle d'un ami l'espace de quelques pas...

Yechouah, notre Jésus, était un mystique. Son expérience d’être habité par l’Amour avait une résonance dans ce qu’il faisait, ce qu’il disait.

Il avait l’audace de dire :
« Le Père – Abba en dialecte araméen – et moi sommes un » (Jean 10 :30), la dualité était exclue. Un c’est un, c’est pas deux ni trois !

Il avait l’audace de dire : « J'étais un étranger, et vous m'avez accueilli… » (Mt 25 :35). Encore une fois, la dualité est exclue ! C’est une expérience mystique avec l’étranger, l’affamé, le prisonnier…

Je peux comprendre l’intimité entre Jésus et son Abba, l’intimité entre Jésus et l’étranger, l’affamé, le prisonnier…si j’en ai fait moi-même l’expérience, même marginalement. Jésus, lui, est allé et va jusqu’au bout de son expérience mystique, alors que ma finitude et mes limites sont bien difficiles à dépasser !

Mes expériences mystiques n’arrivent pas à la cheville de celles de Jésus, mais la nature des expériences est
la même : c’est d’être UN AVEC tout en restant bien soi !



(avec mon immense reconnaissance envers l'artiste, Mélanie Quentin)



vendredi, avril 27, 2007
 
Quand on aime quelqu’un, on commence à lui ressembler,

pas du tout parce qu’on l’imite, non, simplement parce que c’est un même amour qui brûle en nous.
De même pour Jésus avec son « Abba », c’est-à-dire, la Source ou l’Amour qui l’habite comme nous, dès l’origine ! Mais Jésus paraît en avoir été bien plus conscient que nous, pour Jésus, c’était presque naturel d'être UN avec l'AMOUR, donc Dieu!

Il n’avait pas besoin de liturgies, de livres de prières toutes faites. Il « priait » comme on se dit bonjour ou comme on se donne un bisou quand on se rencontre ! Tout dépendait des circonstances…

Une fois Jésus a eu l’audace de dire publiquement :
"Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras point…
Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges..."
(Mt 5 :21-22)

Il avait dû beaucoup prié avant d'avoir cette audace-là! Et ce courage!

Jésus intriguait les gens, pas les Docteurs de la loi seulement, mais ses compatriotes aussi. Mathieu (13 :53.58) le dit comme ceci :



« Il alla dans son pays, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu'ils étaient frappés d'étonnement et disaient : « D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N'est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s'appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d'où lui vient tout cela ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. Jésus leur dit : « Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie et dans sa propre maison. » Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi. »

D’où lui vient cette sagesse ? Même les petites gens le comprenaient simplement parce que, ce que Jésus faisait correspondait à ce qu’il disait avec des mots tout simples...

Simple paysan juif, sans études, sans diplômes, sans programme ni projet… Il dénonçait les injustices et annonçait la Bonne Nouvelle aux victimes de l’injustice. Son message était Bon et il était Nouveau.
Il surgissait de l’Action de Dieu dans la réalité des gens !

Jésus priait. Quand on prie, on est supposé avoir une spiritualité. Jésus ne parlait pas beaucoup de spiritualité. La seule prière qu’Il nous a laissée est « Le Notre Père ». Mais ses amies et ses amis rapportent que, souvent, Jésus se retirait quelque part, tout seul, et priait.



Moi je crois que sa prière était la contemplation du monde où il se trouvait, un monde qu’il fallait mettre sens-dessus dessous pour qu’il ressemble à la grande famille des humains dont le Créateur avait rêvé.
Et Jésus était plein de ce rêve !
Quand il priait, il arrivait que son visage rayonne, de bonheur, ou au contraire qu'il soit rempli de tristesse.
Parfois Jésus pleurait...en contemplant Jérusalem par exemple! Ses larmes étaient une prière.

Je crois que la spiritualité de notre Yechouah émergeait jour après jour de la réalité concrète
où il se trouvait ! Yechouah : conscient que sa Mission était de transformer cette société fragmentée en une société d’hommes et de femmes nés pour être « bien dans leur peau » !

La spiritualité de Jésus : c’était peut-être une expérience de vie.
Une expérience du feu qui brûle en son cœur, en son esprit, de la lumière, en Lui, qui ne demande
qu’à luire (Mc 4 :21) .



jeudi, avril 26, 2007
 
Yechouah : un prophète

Mais qui est cet homme ?

Que de fois cette question ne fut-elle pas posée ?

Ce gamin de 12 ans qui cherche les Docteurs de la Loi jusque dans l’enceinte du Temple, à l’insu de ses parents, qui discute avec eux, qui ne s’excuse pas quand ses parents le réprimandent !



Ce Nazaréen, le fils du charpentier Joseph, qui ne fait pas parler de lui pendant de longues années, qui quitte l’humble maison paternel et l’atelier, les jardins et les champs, et s’en va là où il sent qu’il doit aller. Là où l’Esprit le pousse. Il n’organise pas de rencontres ni de conférences, ni de débats...

Chemin faisant: il observe, et quelle lucidité dans son regard! Il prend parti les petites gens, il dénonce les injustices et annonce « un autre monde » au hasard des rencontres, chemin faisant !

Les pauvres, les prisonniers, les méprisés, les lépreux, les femmes surtout, trouvent en ce bel homme, un ami, un allié, un guérisseur, un protecteur ! Sans jamais lui donner de qualificatifs. Il est Yechouah de Nazareth pour eux, c’est tout.
Les pauvres se sentent aimés, valorisés. L’image me vient d’un chien qui a reçu des coups de bâton d’on ne sait d’où, son maître arrive, le caresse, et Oh ! ce regard d’animal reconnaissant ! Le regard des "vaut-rien" de la société religieuse d'Israel, regard levé vers la lumière!

Mais les riches, les autorités, les savants, les prêtres, les rois trouvent en cet homme un agitateur, un trouble fête, quelqu’un qu’il faut surveiller. Oui, quelqu’un qu’il faudra éventuellement éliminer « pour le bien de l’Institution ».

Qui est cet homme ?

Les pauvres et les miséreux ne s’intéressaient pas vraiment de savoir QUI était Yechouah. C’était un des leurs. Ils le connaissaient et le reconnaissaient facilement. Ce qui les intéressait, c’était :
que fait cet homme ?


Riches et pauvres cependant s’accordaient pour dire : « Ce Yechouah est un prophète ! » Et Jésus n’a jamais dit non à cette affirmation! D’aucuns avaient même dit qu’il était un faux prophète !
Mais c’était clair pour tous, pour chacun, Yechouah parlait et agissait comme un prophète !

Pietro Perugino, Umbrian, c. 1450 - 1523

A son baptême, au Jourdain, Jésus prend publiquement parti! Les gens sont nés pour être heureux. Ils ont droit à leur dignité! Jésus veut lutter pour que les humiliés se mettent enfin debout!

Mais d'où lui vient la force?
La spiritualité de Yechouah, cette force spirituelle, était la spiritualité des prophètes d’Israel !
« Le Seigneur (Dieu) a parlé » et Yechouah, comme le petit Samuel, a écouté ! Il doit agir!

J’essaierai, demain, de revenir à notre Yechouah le prophète, et de réfléchirà la lumière de l'évangile, sur ce que cela signifiait pour lui !
Aidez-moi si vous le souhaitez...



mercredi, avril 25, 2007
 
D'où lui vient cette force?




Yechouah, j’aime ce nom hébreu. C’était le nom « populaire » de Jésus, fils de Joseph et de Marie, l’apprenti menuisier. Durant trois ans, le prophète qui n’a de cesse de mettre la société de son temps sens dessus-dessous !

Pour lui, la famille qu’il essayait de bâtir était celle dont avait rêvé le Créateur qu’Il nomme son Père et le nôtre.
Jésus s’est trouvé dans sa réalité sociale, la Palestine, comme un homme nouveau. Un prophète. Impossible pour lui de s'adapter à son milieu!

Son style de vie, ses relations, ses paroles ne correspondaient pas aux normes ni aux valeurs de son entourage, de sa région, des institutions religieuses et politiques et de leurs autorités.

Yechouah pratiquait, dans sa vie de tous les jours ce qu’il enseignait :
L’humilité, c’est-à-dire la vérité face au mensonge et à l’orgueil
la générosité et la confiance face à l’envie et à la jalousie
la recherche de relations existentielles au-delà des systèmes et des barrières avec tout un chacun, face l’individualisme frileux et sectaire des personnes et des groupes d’où qu’ils viennent !

Yechouah était convaincu que
être humble
être généreux confiant
être respectueux
être aimant
c’était naturel, comme pour les enfants, c’est naturel !!!

Etre orgueilleux, enflé, envieux, rapin, méfiant, dominateur, exploiteur, menteur, c’est artificiel. C’est trahir le meilleur de nous-mêmes. Trahir notre âme d’enfant ! Trahir le Créateur : notre Abba et le sien.

Les pauvres se reconnaissaient en Yechouah ! Les Puissants et les riches, Non !
Pour ceux-ci, c’était un choc de voir leur compatriote, Yechouah, un adulte de 30 ans, vivre le plus naturellement du monde ! Cette espèce d’aisance, ce naturel, cette force sans aucun pouvoir, cette liberté de paroles et d’actions (et ça dès l’adolescence, on s’en souvient) irritaient, agaçaient, inquiétaient les autorités, les docteurs de la Loi qui, eux prêchait du haut de leurs institutions, ce que Jésus pratiquait dans sa vie quotidienne ! Yechouah mettait à nu leur hypocrisie comme il pourrait le faire aujourd’hui !

Ces autorités s’étaient construit un monde supérieure, dominateur, riche, raciste, sexiste, à rebours des Ecritures qu’ils lisaient dans la Synagogue surtout quand Dieu dit : « Aime ton prochain comme toi-même ! »

Yechouah était une menace pour leur confort, leur sécurité, leurs institutions repliées sur elles-mêmes hier comme aujourd’hui. Yechouah était une pierre d’achoppement pour les systèmes !!!
Que de tension, de mépris, de mise à l’écart, d’avertissements, de notifications comme aujourd’hui nos théologiens de la libération ! Et Jésus allait de l’avant, faisant le bien par où il passait !

Question : d’où lui venait cette force, ce courage, en fait, quelle était sa spiritualité, lui qui n’a enseigné qu’une prière, une seule : Notre Père !




lundi, avril 23, 2007
 
Une histoire vraie

Elle est un peu longue, cette histoire, c'est celle d'une amitié au-delà des frontières
dans la lumière de Jésus, né, mort, ressuscité, pour que naisse un monde nouveau!

Clive, ou comment j’ai compris l’Agneau pascal



Dans les années septante au Cap

Clive MB est mon ami. Sa femme, Marie, et ses quatre garçons sont mes amis par association. Il est pasteur de l’Eglise anglicane en Afrique du Sud et militant du Congrès National Africain (ANC).
Nous nous sommes connus au Cap durant la lutte pour déraciner l’apartheid. Des militants de tout bord se rencontraient régulièrement, et toujours dans des endroits différents, afin d’éviter la surveillance de la Police. C’était dans les années septante.

Nous étions faits l’un et l’autre pour lutter ensemble, pour être inspirés et pour inspirer les différents membres des différents groupes, pour faire éclore des idées, pour émonder parfois les projets concrets, pour soutenir les mises en route, pour ramasser parfois les pots cassés, évaluer, améliorer, conseiller la prudence pour protéger des vies... repartir, toujours plus conscients des enjeux et de l’urgence d’aller de l’avant.
J’allais à la messe célébrée par Clive, à l’église de sa paroisse anglicane assez tôt le matin. On prenait en famille le copieux petit déjeuner tout en planifiant la forme des prochaines rencontres... le contenu dépendait des circonstances extrêmement fluides. Impossible d’ignorer Jésus et sa Bonne Nouvelle de libération. Jésus, l’Esprit, l’Energie décuplée selon les réalités !

Clive mesurait au moins un mètre quatre-vingt. Métis, son regard enfonçait les portes fermées y compris celles des cœurs et des intelligences. Sur le linteau de la porte de la cuisine, cette pancarte : « The future is Black », en français : «L’avenir est Noir » et un poing levé comme ça...



Clive me dit : " J’aimerais bien que tu enseignes le « caté » aux enfants de ma paroisse, mais à une condition, c’est que moi, j’aille enseigner le « caté » aux enfants de tes paroisses catholiques." (J’étais alors coordinatrice des catéchistes en formation pour le diocèse du Cap, mandatée par l’évêque et sous son autorité). Ma tête et mon cœur disaient OUI, et l’Institution catholique disait NON. Clive savait. En fait de barrières, elles ne sont pas raciales seulement ! Un grand rire de sympathie nous réconfortait. Nous savions pourtant que la Bonne Nouvelle de Jésus était une seule et même chose pour tous : défaire notre pays des multiples frontières, des trônes et des dominations.

Bon, allons de l’avant. Jésus s’occupera lui-même du « caté » et de l’annonce de sa Bonne Nouvelle hors des structures !
De longues années, si courtes, tumultueuses, douloureuses, avec une espérance défiant tous les prophètes de malheur ! Il s’agissait de rendre « les régions séparées ingouvernables et l’apartheid inapplicable » par des moyens aussi peu violents que possible, afin d’amener les pouvoirs sud-africains et occidentaux à ouvrir leurs yeux sur un avenir de Justice et de Paix ! Inéluctable.
Dès les années huitante...

Dès 1980, j’étais en Europe et Clive se trouvait dans les méandres d’Afrique australe. La lutte continuait de part et d’autre. Sans communication, sans nouvelle. Nous savions seulement que "La victoire est certaine ". Une lutte noble, une victoire humble et chèrement acquise !
Le poing levé restait le signe d’Unité des gens de bonne volonté de partout !



Dès les années nonante...
En 1999, j’ai passé 4 mois en ’Afrique du Sud post-apartheid. D’une région à l’autre, d’un township à l’autre, d’une maison à l’autre. Plus de séparations légales mais d’innombrables séparations de pauvreté.
Un soir, accueillie chez mes consœurs au Cap, je cherche un vieux bottin de téléphone, je tourne les pages jusqu’à MB. Clive MB, et je trouve une adresse différente de celle d’antan.

Gling gling ! La voix d’un vieil ours dit : "Hello ?" et je dis : "Clive ?" comme une mini bombe, il dit : "Ciel, Claire-Marie, c’est toi ?" Après presque 20 ans on s’est reconnus à nos voix comme si c’était hier !
« Je viens te chercher demain matin et on passe la journée ensemble, d’abord chez les Anglicans puis à Lentegeur ! » Je me dis que l’approche est la même que dans le temps ! C’est la dynamique du provisoire dans toute sa splendeur !

Quelle rencontre ! Un peu courbé, Clive, un peu tassé et grisonnant. Comme moi. Mais le soleil du Cap rigole sur ses belles rides couleurs de cuivre ! Et la flamme brûle dans son regard austral. Je me sens en Afrique du Sud. On va jouir du moment présent comme jamais. Clive arrive dans une grande bagnole qui ressemble peu à la petite VW de jadis ! Il s’en excuse : « C’est un look bourgeois, comme tu vois, mais monte toujours. Je dois rencontrer des travailleurs sociaux, prêtres, sœurs, toutes sortes de pasteurs pour discuter avec eux de la meilleure manière de garder un certain équilibre mental dans une société traumatisée par les séquelles d’années d’apartheid y compris la violence sauvage qui fait rage un peu partout aujourd’hui... »



La Conférence-débat
Nous arrivons, à 9h00 pile, au Centre de l’Eglise anglicane qui ressemble à une ruche d’abeille en plein bourdonnement. Hommes, femmes se saluent, s’embrassent et s’offrent du thé et des sandwichs les uns aux autres. Toutes races, toutes langues, tous âges confondus ! Je me joins à eux oreilles en alerte. Nous voici bientôt assis en cercle, très proches les uns des autres, et voici le grand Clive, en longue robe noire, usée jusqu’au fil cette fois. Il a l’air d’un géant au regard d’enfant qui scrute « les reins et les cœurs ». En psychologue érudit, il dit des choses difficiles avec des mots tout simples, avec des histoires, quelques anecdotes et des coups de griffes salutaires aux institutions encore et toujours inquiètes jusqu’à l’angoisse, de leur image ! « Voyez par exemple, mes amis, mes supérieures me nomment un Père anglican (Father Clive) et il m’habille comme une mère ! ».

Mais les Institutions ecclésiales évitent les psychologues et les psychiatres, leurs questions font peur à qui ne veut pas se regarder dans la glace.... Les questions, les objections, le dialogue se poursuivent durant une heure, deux heures, je ne sais plus. Le temps ne compte plus quand on est ensemble à poursuivre un but commun. Le but commun : « Assainissement du cœur et de l’esprit, se défaire des relents de haine, de mépris, de violence... ouvrir nos portes au vent qui souffle, l’Esprit de Jésus...Ce grand homme de tous les pays, de tous les temps ».
Nous roulons vers Lentegeur (traduisez : parfum printanier)



Clive a beaucoup de choses à me raconter chemin faisant.

« Lentegeur, Claire-Marie, ça te dit quelques chose ? »
Je me souvenais de Valkenberg où j’allais visiter des amis qui avaient « perdu la tête ». Mais Lentegeur, non, pas de souvenir précis. Mais je vais bientôt humer ce parfum de la folie des systèmes.
Nous faisons des kilomètres à travers les Cape Flats, c’est-à-dire, des milliers de maisons faites de bouts de tôle, de bois, de cartons, de pierres bariolées, de murs hérissés de verre brisé pour se protéger des voleurs... des mini maisons voisines de certaines maisons de maîtres, de couvents, de presbytères, de postes de police.
La conversion continue.

Clive raconte : "Tu te souviens de notre lutte (struggle) pour déraciner l’apartheid ? Jésus nous disait de dénoncer les systèmes pour annoncer et construire une nation de justice et de paix. On y a cru. Que de souffrance. De torturés. De morts. De ruines ! Toi et moi, nous avons dû, non sans difficultés, nous défaire de nos sécurités, et prendre parti pour la justice en prenant part à la lutte anti-apartheid ! Sans violence ! (Mandela était encore à Roben Island) Quand j’ai dit à certains leaders de l’ANC que je n’acceptais pas la violence qui tue, d’où qu’elle vienne, pour faire la justice, ils m’ont dit que j’étais un traître, que le mouvement n’avait que faire de gens comme moi, ni maintenant ni à l’avenir... Je suis resté silencieux en pensant à Jésus, lui aussi politisé, militant, subversif et non-violent jusqu’à sa mort."

"L’agneau, tu comprends ? "

Sa question était un défi, j’essayais de comprendre.
Ce système a peu à peu cédé. Les lois ont été abrogées, mais les structures économiques restent en place pour éviter un autre Mozambique, un autre Angola ! Notre Madiba a préféré une laborieuse réconciliation basée sur la Vérité, à la Justice immédiate. On y travaille jour après jour. La justice qui veut le plus grand bien pour le plus grand nombre, c’était le rêve de Jésus, c’est celui de Madiba, le meilleur des hommes. C’est le but de notre lutte.

Clive: "Madiba est entouré de membres du Congrès National Africain, assis aujourd’hui dans les fauteuils des Blancs dominateurs pour prendre le relais... de la domination et de l’exploitation de leurs frères! Le Pouvoir, déjà, infecte leur cœur. La violence envers les plus faibles, les femmes, les enfants, les vieux... et le SIDA est, non plus une maladie, mais une pandémie ! Par ailleurs, trop de gens d’Eglise, qui avaient été courageux durant la lutte, en avaient assez. Ils retournaient à l’abri dans les sacristies, dans les presbytères, les monastères... et, pour ce qui concerne les ex combattants de la liberté, dans des maisons à piscine et vastes jardins de Blancs émigrés.

J’ai été dire à des ministres - d’anciens camarades - responsables des Départements de l’économie, de la justice, que la violence n’apporte pas de solutions aux conflits, que les millions de gens qui ont voté pour eux et leur parti, méritent mieux que l’exploitation q’ils avaient eux-mêmes combattue. Il y en a un seul qui m’a écouté, c’est T.M. que tu connais... mais il m‘a dit : que peut-on faire avec le même système économique que celui du temps de l’apartheid ?... Clive, vas prier pour nous, t’es pas fait pour être ministre. Je suis parti à l’écoute de ceux et celles qui avaient tant espéré de cette Nation-arc-en-ciel en construction !

Je me suis rendu chez mes supérieurs de l’Eglise anglicane et leur ai demandé conseil au sujet de mon avenir, de ma Mission au sein de l’Eglise. Ils étaient muets. J’avais été un pasteur activiste...un membre du Congrès National Africain, un ex combattant pacifiste de la liberté... de plus, j’étais convaincu que la théologie de la Libération est vraiment orthodoxe selon Jésus. Que pouvait-on faire de moi aujourd’hui ? Ah ! oui, une idée leur est venue à la tête :

Lentegeur !

Cet hôpital psychiatrique plein à craquer de déséquilibrés, de fous. Lentegeur : parfum de printemps. Il y a un poste d’aumônier vaquant, pourquoi pas toi ? C’est sûrement dans ta ligne. C’est dans ma ligne : fou comme Jésus. J’ai entrepris des études en psychiatrie tout en assumant ma tâche de pasteur des malades mentaux. Aujourd’hui, comme tu l’as vu ce matin, on me demande un peu partout pour conseiller les travailleurs sociaux...et je me rends compte d’une chose, Claire-Marie, les malades mentaux ne sont pas ceux qui sont à Lentegeur, les gravement malades mentaux sont dans les échelons ascendants d’une hiérarchie capitaliste ! Viens, me dit Clive, voici les sages de Lentegeur ! "



Lentegeur comprend des pavillons construits sur une immense surface. C’est un village. Il y a même une chambre de prière, c’est là que Clive et les malades se reposent un peu en compagnie de Jésus, le fou par excellence, puisqu’il ne peut s’insérer dans aucun système encore moins le système ecclésiale qui prétend "convertir " en son nom !

Nous avons exploré ces lieux durant des heures... il y a un secteur que Clive n’a pas voulu me montrer, c’est là que sont ceux et celles irrémédiablement blessés par l’apartheid et ses séquelles...
Nous sommes revenus, Clive et moi, main dans la main, jusqu’à sa voiture, puis jusque dans sa famille où Marie, sa belle femme avait préparé un repas. Clive me dit :

« T’as réfléchi sur le sens de l’Agneau pascal ? »...

C’est la violence faite Amour. On en meurt comme Lui. C’est pas du chocolat.
Clive m’a ramenée ce soir là chez mes consœurs .
(J’ai vécu cela en 1999 au Cap, en Afrique du Sud)




 
Agneau pascal : quel défi !

La liturgie catholique fait chanter aux fidèles durant la célébration eucharistique :
Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde, prends pitié de nous
Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde, prends pitié de nous
Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde, donne-nous la paix

Ces paroles sont chantées à des rythmes différents et sur des mélodies différentes…, juste avant que le prêtre passe à une autre « prière préparée »... juste avant « la communion »… je me demande d’où elles viennent, ces paroles et ce qu’elle signifient dans notre société… en réalité !...Mystère!

Il était une fois, sur les rives du Jourdain, un homme austère, au regard de feu et qui disait aux passants de vivre autrement afin d’aider son cousin Jésus, qui allait tantôt venir s’efforcer de construire un monde meilleur :

« Jean-Baptiste disait aux gens qui l'interrogeaient: Que devons-nous donc faire?
Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a point,
que celui qui a de quoi manger agisse de même.
Des publicains disaient : Que devons-nous faire?
Il leur répondait: N'exigez rien au delà de ce qui vous a été ordonné.
Des soldats aussi lui demandaient: Et nous, que devons-nous faire?
Jean répondait : Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde. Luc 3:7-14

Un beau langage. C’est pratique. Il a plutôt l’apparence d’un loup, ce cher Jean-Baptiste, et on nous raconte qu’il donne à son cousin Jésus le nom « d’Agneau de Dieu! » Est-ce qu’il pensait à Isaïe qui avait dit : « Le loup dormira avec l'agneau, et le lion broutera de l'herbe au lieu de manger des gazelles... ». C’est l’annonce d’un monde à l’envers ! Exactement ce que Jésus est venu annoncer, et ce qu’il a vécu… comme un échec en son temps, un échec en notre temps!

Mais je veux quand même vous donner un exemple bien concret. Celui d’un grand ami d’Afrique du Sud. Il ressemblait un peu à un loup au temps de notre combat pour déraciner l’apartheid… son histoire, la voici




jeudi, avril 19, 2007
 
Jésus et Mandela



Peinture du 20ème siècle "Black Jesus Blesses The Children" par Joe Cauchi
PHOTO BY SUPERSTOCK

Ce n’es pas une comparaison. Je ne les compare pas...
Ils sont tous les deux parfaitement humains.
Ils sont tous les deux motivés par la passion pour un monde de justice et de paix et par une immense compassion pour les gens.
Ils sont tous les deux prêts à donner leur vie pour « gagner » la vie de leur peuple.
Ils ont tous les deux tourné le monde dans lequel ils vivaient sens-dessus dessous:
« un autre monde est possible » où

« Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ (Galates 3 : 26-28) »

Mandela:

« L’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, aux Blancs comme aux Noirs, et aucun gouvernement n’est justifié à prétendre exercer l’autorité s’il ne la tient de la volonté de tous » ( Charte de la Liberté rédigée le 5 juin 1955 à Kliptown par Mandela et ses amis).

La vie de Jésus a été un long chemin de lutte contre les « valeurs » acceptées chez lui, et qui rendaient la vie des petites gens misérable. Jésus a été fidèle à la Mission qu’il était né pour accomplir ! Le Créateur avait inscrit cette Mission dans l’être et le coeur de Yechouah ! Il a parlé haut et fort en public et en privé et ce qu’il disait, ce qu’il faisait et ce qu’il enseignait réjouissait les pauvres et terrorisait les forts et ceux qui détenaient le Pouvoir ! Pourquoi?

Ce Pouvoir a mis à mort le prophète. Ils l’ont crucifié en compagnie de vils malfaiteurs dont il a fait ses amis jusqu’à sont dernier souffle. Jésus était le « serviteur » pas le maître! Dans la famille de Dieu qu’il essayait de construire il devait en être ainsi.

Sa mort, un échec aux yeux de la plupart, fut sa résurrection. Un mystère! Il n’était pas le victorieux sortant de la tombe dont la pierre avait été roulée comme on dit. Il était dès lors et pour toujours, identifié avec tous ceux et celles qui souffrent et meurent dans les structures d’injustices de notre société actuelle …

D’où est-ce que Jésus a reçu l’audace et l’endurance d'être fidèle jusqu'au bout?
Quelle était sa spiritualité lui qui n’avait qu’une prière : Notre Père… en aramäic, la langue de Jésus, c'était: t Abwoon d'bwashmaya...

Si nous lisons « Un long chemin vers la Liberté » nous somme frappés par la force d’âme de cet homme tellement humain, passionné pour la justice et plein de compassion pour les gens, noirs et blancs.
Un homme qui dit Oui, pour Oui et Non pour Non. Comme Jésus.

Pour Mandela comme pour Jésus « un autre monde est possible » ! Mandela n’a pas été crucifié, mais il a été arrêté, incarcéré, mis aux travaux forcés. Il n’a pas été pendu comme tant d’autres en Afrique du Sud, mais il était prêt à donner sa vie…aujourd’hui, dans sa vieillesse, il reste lui-même. L’homme d’une extraordinaire humilité… il réssuscite au compte goutte dans cette Nation arc-en-ciel, aussi difficile à construire que le royaume de Dieu ! Les paroles de Desmond Tutu:

«le nôtre est un pays peuplé de gens extraordinaires. Si seulement nous pouvions vivre ensemble en tant qu�êtres humains..»
« Nous, représentants de diverses cultures, langues et races, nous devenons une seule nation. Nous sommes le peuple divin de l�arc-en-ciel»



mercredi, avril 18, 2007
 
la prière du soir



en contemplant ce qui se passe dans notre monde

a) Dans la région, une ouvrière que je connais bien se fait éjecter d’un kiosque où elle a travaillé six ans. Sans autre prétexte qu’une colère délirante du patron, qui l’insulte en présence de sa femme. Marie, nom d’emprunt, a recours au Conseil des Prudhommes. A la séance de conciliation, seule en face du patron et de son ami avocat, Marie est humiliée. L’injustice et « la loi du plus fort » lui éclatent à la figure. Elle est traumatisée, triste. Même pas révoltée, sa démarche, qui a même surpris le juge lui a fait regagner sa dignité. Elle se sent forte pour repartir à zéro, forte aussi de son expérience.

b) À Vevey, au tribunal, six mois de prison ferme infligés à un africain pour, avec d’autres, s’être indignés contre des slogans racistes peints sur les murs de la cité par un élu UDC … lequel, lui-même avait auparavant été jugé pour racisme et qui devient maintenant le plaignant et l'accusateur des personnes dont il s’est moquées publiquement au moyen de ses slogans.
Les noirs auraient été des trafiquant de stupéfiants, dit-il, ce qui est possible.
Jugement:
«On peut manifester contre le racisme, mais on ne peut pas commettre des dégâts sur des véhicules, faire peur aux gens et agresser des policiers», a relevé le représentant du Ministère public. «Même en réaction aux tags, cette réaction est totalement disproportionnée».

Question: Les Noirs n’ont-ils jamais eu peur de la Police indépendamment de sa couleur ? Nous sommes proches des méthode du temps de l’apartheid… c’est cela qui fait peur.

c) Aux USA à Virginia Tech, 32 étudiants massacrés et leurs proches traumatisés… on cherche à savoir qui est ce sud Coréen tueur « Cho Seung-hui ». Il est mort.
d) Alors qu’en Irak des centaines meurent… les médias restent discrets et parlent maintenant des réfugiés irakiens, ce qui est bien… l’inferno continue, qui paraît avoir maintenant sa propre impulsion ! Rien ne l’arrêtera comme me disait cette femme irakienne apprenant le Français à Lausanne !

Et j’aimerais trouver des signes d’espérance dans cette violence qui fait tache d’huile sur notre petite planète. Il y a tant de gens bons, honnêtes, pleinement humains tout autour de nous et qu’il fait bon rencontrer…Pourquoi les TV les Radio, les journaux s’y intéressent-ils si peu ? Mais, il y a parfois des « portraits », de groupes ou de personnes qui sont comme des rayons de soleil… ! Mais la réalité planétaire, c’est quoi ?



Prière du soir : cher Créateur, je me tais devant la détresse quotidienne de tes créatures…ces souffrances infligées les uns aux autres… presque automatiquement alors que tu nous as tous créés pour aimer et être aimés… où est la faille dans ta création comme disait Laurent ? Heureusement qu’il y a Jésus aujourd’hui. Si on veut bien… Tous s’en vont là d’où ils sont venus : à la source, à l’AMOUR qui t’a créé…toi et moi, quel mystère…



mardi, avril 17, 2007
 


Nous sommes encore en saison pascale.
La dynamique qui surgit de la souffrance du quotidien, des cendres de tant de rêves de Jésus ressuscité, et qui agonise à longueur de journées sur les croix de notre actualité, cette dynamique, si on en est conscient, a son prix. Quel prix ? Celui de l’endurance « entêtée » et d’une espérance dépouillée de toute illusion en continuant notre route « faisant le bien », ou tout au moins, espérant « faire le bien » chemin faisant comme Jésus le faisait…il me semble que chaque prise de conscience d’une réalité in-humaine, chaque analyse de cette réalité, chaque action en vue de transformer cette réalité en réalité humaine, simplement humaine, cela, c’est l’actualisation de la résurrection, c’est la construction, avec l’énergie primal du Créateur, d’une famille planétaire humaine !

Un exemple :
nous étions aujourd’hui, à 17h30 à la Place de la Palud, Lausanne. Nous étions 100, 200 peut-être, rassemblés par ces paroles bien visibles sur les placards d’un jaune vif :

« S’indigner contre le racisme n’est pas un délit ! »

Demain, ceux qui le peuvent se rendront à Vevey, afin d’y être une présence solidaire de 4 jeunes gens accusés d’avoir mené une émeute le 10 mai 2005 à Bex, en fin de soirée ! Un élu du parti UDC (la droite politique dure en Suisse) s’était promené dans les rue de Bex en affichant délibérément son racisme sur les murs de la ville.



Est-il permis aux gens de peau noire de montrer leur émotion face au racisme quotidien ?
Est-il permis aux Blancs de s’indigner face aux fausses accusations de toutes
sortes ?
Est-il permis aux chômeurs, aux handicapés de « péter les plombs » face au fonctionnariat
des municipalités ?
Est-il permis aux chrétiens de douter des autorités ecclésiastiques lorsque celles-ci tentent, avec force moyens de persuasion, de leur imposer des croyances (nommées « objets de foi ») qui trahissent Jésus ressuscité hier comme aujourd’hui ?
Est-il permis de s’indigner comme s’indignât Jésus sur le parvis du Temple de Jérusalem devenu « un taverne de marchands et de voleurs ? »

A la Place de la Palud, Jacques Neyrinck, des représentants de la communauté africaine, nous ont éclairés, encouragés. On se sentait plus honnête, plus humains. Ce cher Michel d’Olivo a même tendu le micro à une gossel de 4 ou 5 ans qui a crié : « Y sont pas méchants, les Africains, faut pas leur faire des misères ! ».
La vérité sort de la bouche des enfants!



Ce petit rassemblement de personnes engagées, ce soir, c’était comme du levain dans la pâte, du sel dans la soupe….

Nous sommes montés lentement jusqu’à la Place Saint Laurent, ensemble, et avons promis de nous indigner contre le racisme, contre tous les vestiges d’une multitude de racismes qui construisent une apartheid légalisée, sournoise et mortelle pour la dignité des hommes, des Suisses, des Vaudois, de tous enfin !

Il en faudra des luttes et du temps pour déraciner ce type d’apartheid globalisé qui nous étouffe déjà… face à cette lutte-ci, la lutte anti apartheid en Afrique du Sud aura été un jeu d’enfant !

Il est grand temps de s’indigner quand les systèmes nous déshumanisent ! Et d’agir !



"Car la colère gronde, sur la terre comme au cieux,
car la colère gronde, la colère du Bon Dieu…"
chante Aimé Duval SJ





lundi, avril 16, 2007
 

Une si belle histoire
: il y a presque 6 mois de cela, j'avais ce qu'il faut pour me procurer une appareil photographique (numérique s'il vous plaît) et j'hésitais face à un achat d'une telle importance!

Jusu'au jour où je me rends dans un magasin quelque part à Lausanne, là où on vous offre des appareils de tous les calibres... on me montre des cameras, des plus simples aux plus compliquées...mais j'hésitais encore. J'ai remecié poliment, je suis sortie et, dehors, je contemplais encore cette vitrine et je murmurai pour moi-même ..."je me demande si cette "maison" m'en prêterait une camera quelques jours juste pour voir si je suis capable de la manipuler..." Etrange, je n'avais pas vu la jeune femme qui s'était arrêtée à mes côtés et avait sans le vouloir entendu ce que je venais de murmurer! Plus étrange encore, elle me dit: "Je veux bien vous en prêter une, de caméra, j'en ai deux". J'étais une parfaite inconnue pour elle et elle pour moi... Elle ne pouvait être sérieuse. Je crois qu'un rire d'accueil a fusé...de part et d'autre ... j'ai dit mon nom, elle m'a dit le sien, ensemble nous avons bu un chocolat chaud au café du coin et, le lendemain, samedi matin, elle m'apporte et me confie cette camera à l'essai. Ele m'en fait la démonstration...simple, mais quand j'ai voulu essayé, ça paraissait compliqué. On ne naît pas photographe ma foi!

Après six semaines, avec l'aide de Anna, c'est le nom de cette "ange qui passe" j'étudie à nouveau tout ce qui traite de cette camera et j'essaie... c'était dimanche passé, vers 16h00, au bord de notre beau Léman. Des petits moineaux voletaient, repartaient, revenaient comme pour m'inviter à les photographier...je me suis recueillie, il n'en restait plus qu'un seul, prêt à prendre l'envol...je le prends doucement en cliquant sur un petit bouton...et le voici. Il s'est envolé en toute liberté mais il reste avec moi, avec vous, ce petit moineau!

Il a trouvé son chemin jusque dans l'ordinateur et jusqu'à Katutura. Je vous l'offre comme on me l'a offert, avec tendresse et reconnaissance! Je vais m'améliorer mais le "petit moineau" m'encourage à continuer



un si petit moineau qui voit si loin...



dimanche, avril 15, 2007
 
Goodbye Bafana!

Une personne qui a vécu les années les plus horribles de l'apartheid, une personne de peau blanche tiraillée à longueur d'années entre les intitutions blanches et l'incroyable mouvance de la majorité noire comprendra parfaitement tout le drame politique qui est au coeur de cette relation entre James Grégory le géôlier raciste et le prisonnier Nelson Mandela.

Mais la relation entre ces deux hommes, l'homme noir, l'homme blanc, chacun dans son contexte familiale, social et politique respectivement noir et blanc, cette relation qui se vit dans l'enfer de Roben Island montre l'incroyable force d'âme de Mandela, la force d'âme de l'Afrique, en même temps qu'un germe si petit soit-il, de vulnérabilité pour l'ouverture vers l'autre, de cette race blanche en la personne de ce fonctionnaire de l'instance la plus dure, la plus meurtrière du système d'apartheid sur le terrain, la Police! Un cheminement de décennies de tensions, de lâchetés, de trahisons...de peur de l'inévitable avancée de l'histoire...

Je doute d'une vraie amitié entre Mandela et Gregory. Mandela est trop astucieux politiquement, lui qui voit toujours le long terme, pour que sa relation avec Gregory aille au-delà d'une politesse à l'Africaine!

Mais c'est vrai que Gregory ne pouvait ressentir la haine qu'il aurait méritée du prisonnier selon le traitement bestial imposé! Et cette force de Madiba, une force pas un pouvoir, ouvrait peu à peu les yeux de ce policier blanc! J'ai vu pas mal de cheminements de ce genre en Afsud et j'ai vraiment pleuré, pleuré durant ce film, qui montre le sommet de l'iceberg! On reproche à ce film de ne pas assez montrer la mouvance politique. Selon moi, si on a vécu en Afsud durant ces années d'horreur, le film dit tout! Peut-être que ceux qui n'auront pu être solidaires que de loin durant ces longues années de lutte, auront plus de peine à saisir l'aspect politique du film...





Mandela avec les enfants de Soweto après qu'il fut sorti de prison!

voir
Mandela, the Authorised Portrait à l'adresse:
www.bloomsbury.com



vendredi, avril 13, 2007
 
"Goodbye Bafana"

Un film qu'il faut absolument voir avant d'en partager le contenu: Mandela le prisonnier, le système carcéral en Afrique du Sud,
et la dynamique de la survie!
Neldon Mandela
James Gregory

Deux hommes dans un système qui ne pardonne pas
la force d'âme du prisonnier
le pouvoir policier du géolier

L'immense patience de Mandela



Il faut en parler au compte gouttes
cette réalité est trop proche de nous



jeudi, avril 12, 2007
 


Chers amis qui passez par ici, qu'est-ce qu'un Blog sinon l'envie de partager des pensées, des expériences avec ceux et celles qu'on encontre chemin faisant. Le Blog: l'envie aussi de recevoir de ceux et cde elles qui passent, des pensées, des expériences! Ces regards virtuels empreints d'accueil, d'amitié. C'est de l'oxygène, c'est un souffle de vie. Je le ressens comme ça!

Encore en ce temps de Pâques, de mort et de résurrection qui ne font qu'un tant l'un dépend et décoile de l'autre, je suis allée, cet après.midi, voir le film "Goodbye Bafana". J'ai pleuré. Il faut avoir vécu l'apartheid, je crois, pour apprécier pleinement le géôlier, Gregory, et le prisonnier, Mandela!
C'était trop pour moi! Trop d'un coup! J'en dirai quelque chose demain si tout va bien...en attendant je répète ces paroles de Mandela: "Nous vous aimons"!




mercredi, avril 11, 2007
 
Jésus aujourd’hui

Les célébrations de la résurrection de Jésus me posent problème: tTant d’interminables cérémonies et des effluves d’encens…




C’était discret, dit Georges Haldas, cette rencontre de Jésus « hors espace temps » avec la femme qui l’aimait tant ! Lui, étant là où nous allons : « hors espace-temps », elle, étant ici où nous sommes, plantée au dedans de l’espace-temps…se « toucher » n’avait pas de sens : Noli me tangere ! Ne me touche pas, se toucher devient superflu quand la présence VIT. Quand on s’aime vraiment, nos corps physiques sont parfois gênants, ils sont en travers du chemin de la vraie rencontre…

Et Marie Madeleine ne s’est pas offusquée des mots de Jésus, elle a compris, elle n’est pas restée là à gémir ! L’énergie de celui qu’elle aime l’habite et elle se met en route allègrement, elle s’en va confronter les apôtres, lourdauds, penauds…somnolents. Durant l’arrestation, le jugement, l’exécution de Jésus, ces hommes avaient soit trahi, soit menti, soit fui…même nu comme l’apôtre Jean. Ils s’aventurent mettre le nez dehors ce matin-là ! Oh ! prudemment !

Marie Madeleine leur parle clairement de ce qu’elle vit et voit... et ces « saints » hommes ricanent d’abord, hésitent, puis, dit-on, se mettent à courir ! Jusqu’à cette tombe : vide de son contenu mortel. Un trou. Qu’ont-ils fait juste après cette découverte, on n’en dit rien.

Le récit de ce matin de Pâques est sobre et simple…
La mort de Jésus est l’étincelle qui allume son esprit dans nos cœurs…son énergie, pas pour en discuter, en disputer, simplement pour agir comme les enfants d’Afrique du Sud l’ont fait quand leur jeune leader, Steve Biko a été exécuté…ce fut le début de la fin de l’apartheid !

C’est pourquoi ces longues cérémonies pascales font problèmes à certaines personnes, dont moi. On dirait du copié-collé. A la lettre. Du formaté. Du passé…du dépassé ! Mais embelli, illuminé, encensé.

Alors que l’Esprit de Jésus libéré nous pousse à nous mettre au travail parce qu’un autre monde est possible, Lui nommait ça « le royaume de justice et de paix ! » C’est pas la Foi, ça ?

Comme je comprends Albert Nolan et « Jesus Today » : « Du point de vue des gens de sa région, Jésus était un échec…à la face des siens, à la face des autorités religieuses et politico militaires ! L’exécution a eu lieu et Jésus n’a même pas cherché à se justifier, « Il s’est laissé faire » comme on dit, et, dans ce contexte-là, comme cela est le cas dans notre contexte ici, son exécution est son triomphe !

Ce n’était pas facile à voir la chose ainsi ! Même pour les « Docteurs de la Loi d’aujourd’hui » : voyez notre Oscar Romero exécuté le 24 mars 1980 ! Et tous les autres avant et après lui, tués par les forces de la Loi et de l’Ordre ! Comme l’Eglise Catholique peine à tous les rassembler dans l’alléluia de la vie nouvelle de Jésus… ici et maintenant… en les nommant, en les saluant ! La litanie des "saints" d'aujourd'hui!!! Interminable!

Et il n’y a pas que les missionnaires et les martyrs qui « vivent hors espace temps » et nous enflamment de leur énergie libérée…je pense aux victimes des guerres…et je pense à Dag Hammarskjöld… à Anna Politkovskaya, à tant et tant d’autres… et à ceux qu’on ne nomme pas…qu’on ne salue pas dans les « surrexit à répétition » ! C’est dans ces sous-sols d’humanité que l’exécution du fils de l’Homme et sa résurrection ont lieu en directe aujourd’hui… Croire que Jésus se trouve bel et bien là, quel défi…

Pour beaucoup d’amis et d’amies, c’est si vrai, si actuel, c’est la résurrection actualisée dans le silence et le mystère de note société !




mardi, avril 10, 2007
 



La dynamique pascale

A tous ceux et celles qui font un petit tour par Katutura, je vous dis une bienvenue amicale et teintée d’une espérance pascale dépouillée d’illusion…
Une consœur m’envoie un mail : " concrètement c’est quoi, pour toi, la « dynamique pascale ? »

Et la question me poursuit, je la transmets sur Katutura, non pour m’en débarrasser j’espère, (encore qu’elle m’embarrasse !) bien plutôt pour trouver des amis qui m’aideraient à y voir clair ! Notre petite planète (et ses habitants donc) est malade et une vie nouvelle pourrait-elle renaître de ses cendres si elle venait à disparaître et nous avec…mais doit-on en arriver là pour actualiser la résurrection en directe ?

La dynamique pascale



Christ est ressuscité! Qu’est-ce que ça change ?

Beaucoup de belles cérémonies pascales, des cierges pascals allumés et plongés dans l’eau pascale, des nouveaux baptisés…

Qu’est-ce que ça change dans notre société où le Capital paraît être une fin en soi ? Peut-être que la résurrection en directe pourrait relativiser, voir ébranler ce Mammon fait de la sueur de ceux et celles que Jésus est venu libérer ?



Le frisson pascal de ces derniers jours donnerait l’envie de danser … parce que, eh ! bien, comme les femmes l’ont entendu dire devant le tombeau béant : la pierre a été roulée de côté et : « Ne cherchez pas celui que vous aimez parmi les morts, il est vivant…il vous précède en Galilée ! »

Pour nous, c’est où la Galilée qui attend notre action si petite soit-elle, c’est peut-être ici-même !

Est-ce une dynamique de vie, cela ?
Une dynamique d’espérance sans illusion !

C’est du sel dans la soupe, c’est du levain dans la pâte ?
Quel sel et quelle soupe ?
Quel levain et quelle pâte ?

Un autre monde est possible ! Quel monde ?
C’est quoi, le monde dans lequel nous « fêtons » Pâques ?
C’est quoi, ce monde qui surgirait de la dynamique pascale ?

Est-ce qu’il n’y a que les catholiques, les chrétiens qui seraient aptes à être dynamisés et à dynamiser le monde en roulant de côté les pierres des multiples tombeaux-systèmes, nos Galilée « européennes, helvétiques, vaudoises, jurassiennes… planétaires » pour construire ou reconstruire une terre où tous ceux et celles qui y voient le jour aient le droit d’y trouver du pain à manger et de l’eau potable à boire !
« Prenez et mangez…prenez et buvez… »

C’est d’amblée renoncer à toutes les apartheid, qu’elles soient verticales, hiérarchiques ou horizontales …
C’est renverser les trônes, les dominations, les murs y compris celui que Bush fait construire entre le Mexique et les USA !



La résurrection en directe, c’est aussi prendre la température de notre petite planète… et chercher des remèdes appropriés et…le plus difficile, les appliquer, ensemble, dans les pays du sud comme dans ceux du nord…

Même la magnifique région du Cap de Bonne espérance est malade…nous dit-on aujourd'hui-même!




mercredi, avril 04, 2007
 
Chers amis qui passez par ici, je vous souhaite une fête pascale lumineuse remplie de l'Esprit libéré de Jésus...

J'aurais tant aimé réfléchir sur le repas de jeudi, avec Jésus... ce vendredi d'exécutions sur cette colline des environs de Jérusalem. Je n'arrive pas...
il s'agit simplement de pain partagé, d'Amour et de vie partagés...toujours en directe!
(je reviendrai la semaine prochaine)

Nuit pascale : La résurrection en directe…
1977 - 2007
quand j’ai compris ce que signifie la résurrection:

« semé dans la faiblesse, il ressuscite plein de force…
corps spirituel » (l Co 15,42-44)



18 Décembre 1946, en Afrique du Sud naît Steve Biko
12 Septembre 1977, il est torturé à mort à Prétoria
il avait 30 ans
martyr de la lutte contre l'apartheid en Afrique du sud
il avait appelé les Sud-Africains à libérer avant tout leur esprit,
avant de libérer le pays.

Car, disait-il, "l'arme la plus puissante
dans les mains de l'oppresseur est l'esprit de l'opprimé".



Je me souviens du jour de sa mort : ce vendredi saint était
vibrant de la Lumière de Pâques…sur tous les visages!
dans tous les coeurs!
la colère enfantait la joie de l’irréversible
« marche vers la liberté »

l’esprit de Steve, libéré, vivait en nous, énergie
de vie nouvelle
"un point de non-retour", ce fut le début de la fin de l'apartheid

nous avons compris, ce jour-là, le sens et la force
de Jésus ressuscité en Steve et en nous ... aujourd'hui plus que jamais
en 2007...

Vous retrouvez Madiba et Steve Biko ici ! Cliquez s’il vous plaît !



mardi, avril 03, 2007
 
Le royaume à l’envers

De nos jours, Jésus ne dirait pas « royaume » dans notre monde actuel, il dirait peut-être une « Nation » où chacun travaille à l’instauration du « plus grand bien pour le plus grand nombre », chacun travaille à la construction d’une société de justice, de paix, d’amour.
Desmond Tutu dirait : « une Nation arc-en-ciel », une métaphore pour décrire la société sud-africaine après l'apartheid ! Cher Tutu ! Ecoutons :

" Nous, représentants de diverses cultures, langues et races, nous devenons une seule nation. Nous sommes le peuple divin de l’arc-en-ciel ». Une nation multiethnique, pluriculturelle et pluri-identitaire en pleine acceptation, exhibition, et célébration de ses différences !"



Desmond s’en réfère à Dieu, il pense au rêve primal de notre Créateur et que Jésus est venu, il y a 2000 ans, construire avec nous…

Jésus a montré, concrètement, dans son comportement et dans celui des premières communautés chrétiennes, ce que cette « Famille des Nations arc-en-ciel » pourrait être selon l’idée du Créateur.
Les membres de cette famille arc-en-ciel seraient « à l’image de Dieu ». Qu’est-ce que ça veut dire ?

Le Dieu de Jésus ne ressemble en rien à un empereur, ni aux Seigneurs qui dominent leurs sujets
et font peser sur eux une autorité sans pitié !

"Jésus les appela, et leur dit: Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent." (Marc 10 :42)

Le Dieu de Jésus n’est pas non plus à l’image de quelque souverain "magnanime" , néanmoins autoritaire et dictateur, non : « le Dieu de Jésus, comme le mien, comme le nôtre est l’expérience d’être aimé inconditionnellement, Abba, Notre Père ! »

Comme le montre l’exemple du père de l’enfant débauché qui s’en revient à la maison en versant
des larmes de repentir et de bonheur. (Luc 15 :11-32)

La société que Jésus voulait construire ressemblerait plutôt à une grande famille faite de petites familles (communautés de base) sous le regard de Dieu aimant ! Il n’a pas pensé à conquérir des sujets qui lui juraient obéissance et soumission sous peine de péché! Non ! Il n’a jamais pensé à la possibilité d’un empire dominateur protégé par des soldats !

Ce « règne de Dieu » n’allait pas descendre des hauteurs, tout au contraire, à l’image de la graine qui paraît mourir dans le sol, il allait il allait grandir de la base, ou des « grassroots » ou du ras des pâquerettes.
Les membres de cette famille élargie seraient les pauvres, les petites gens ordinaires, les pécheurs, les exclus, les « perdus » des villages de sa Galilée d’abord et jusqu’aux confins
de la terre ensuite !




Où vivent les petites gens?

Cette famille dépasserait les frontières de la famille ou du groupe conventionnel… une solidarité familiale - ou de groupe – exclusive, peut être de l’égoïsme. La famille de sang peut être une prison dorée au lieu d’un nid d’où les oiseaux s’envolent une fois leurs ailes déployées…
Jésus le montre au grand jour et cela peut nous choquer comme cela a choqué les gens autour de lui … On s’imagine l’agonie de Jésus quand il se vit obligé de passer outre sa famille pour continuer sa route !

« La mère et les frère de Jésus vinrent le trouver; mais ils ne purent l'aborder, à cause de la foule. On lui dit: Ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir.
Mais il répondit: Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique…. Jésus monta dans une barque avec ses disciples. Il leur dit: Passons de l'autre côté du lac. Et ils partirent ». (Luc 8 :19-22)



Famille élargie: communauté de base...

Au fond, ce que Jésus est venu faire en notre monde : c’est de le construire, avec nous, selon la pensée de notre Créateur. Il l’a fait avec un abandon total à cette « volonté » de Dieu, jusqu’au bout de ses forces
et de sa vie, jusqu’à l’échec non moins total de l’exécution (collective, ils étaient trois malfaiteurs condamnés à mort!) de ce vendredi sur cette colline…

Mais avant il y aura ce repas en famille justement … et ça c’est pour demain peut-être…



lundi, avril 02, 2007
 
Jésus aujourd’hui
(Jesus Today)
Le Cap, au débarcadère, ce matin d’avril, deux dames suisses dont les maris travaillaient chez Nestlé, discutaient. Leurs paroles : « Heureusement qu’on légalise l’apartheid, cela va maintenir la Loi et l’Ordre dans ce beau pays ! » C’était en avril 1948 !
Fraîche et ignorante comme un poussin sortant de l’œuf, ces trois mots sont restés plantés dans
ma mémoire : Apartheid, Loi, Ordre !



L’horreur du système émerge :
d’un côté, les barrières, les murs, la Police militaire, les arrestations, les emprisonnements…
les déportations : tel était le lot de la majorité africaine, dite noire !
De l’autre côté, la sécurité, le confort, la richesse, le pouvoir : le « privilège » de la minorité occidentale chrétienne à laquelle j’allais appartenir !

Entre les deux : Dieu !

Les institutions ecclésiastiques aussi bien que politiques ont mis des années pour prendre conscience de ce monde fragmenté et travailler à l’instauration d’une démocratie fragile en avril 1994 ! Il a fallu relativiser les lois de l’apartheid, puis les ignorer, puis les abroger et les remplacer par une Constitution reposant sur des lois qui respectent la dignité de chacun.

Selon « Jesus Today » (A.N.) Jésus ne rejette pas la Loi, la Thora, mais il la relativise, il voit que l’observance stricte de la Loi protégeait les autorités religieuses et politiques, les Docteurs de la Loi, au mépris des petites gens.

Jésus met l’observance « intéressée » de la loi sens dessus-dessous ! Les lois du Sabbat et toutes les autres loi divines ont un sens lorsqu’elles sont au service des gens, de tous sans distinction.



Qui peut pardonner les « péchés » ? Dieu seul, selon la Loi, et voilà que Jésus dit gentiment au paralysé :
« Mon enfant, tes péchés sont pardonnés ». Les Docteurs de la Loi sont offusqués : de quel droit fait-il cela ? Ils craignent pour leur propre pouvoir lié à celui de Dieu selon eux.

Jésus les met au défi : qu’est-ce qui est le plus facile, pardonner des péchés ou guérir l’enfant de sa paralysie ? Sans attendre une réponse, Jésus dit au paralytique : « Lève-toi, prend ta couche et va dans ta maison ! » J’imagine la joie et la cabriole du jeune homme qui s’en va « en présence de tout le monde » ! Les gens simples n’en revenaient pas de reconnaissance et d’admiration : ils étaient heureux pour le jeune homme guéri !

N’était-ce pas l’autorité législatrice qui paralysaient les petites gens ?

Puis Jésus mange avec ceux et celles qui l’invitent…les docteurs de la Loi l’épient
« Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie?"

Une autre fois, Jésus et ses amis cueillent quelques épis de blé en passant et la question fuse :
« Pourquoi font-ils ce qui n'est pas permis pendant le sabbat? » Une espèce de Police de sécurité…quasi un espionnage. Et toujours, c’est de la Loi qu’il s’agit !

Jésus met fin à cet « œil qui voit le mal partout ! »
il dit : "Le Sabbat est fait pour l'homme et non pas l'homme pour le Sabbat"
(Tout ceci est tiré de Marc au chapitre 2)

Le but de la Loi n’a jamais été de rendre la vie dure au gens et « Jésus se sentait libre » de transgresser la Loi face aux Docteurs de la Loi lorsque la Loi opprimait les gens et les humiliait !

L’attitude de Jésus a scandalisé les notables juifs de son temps : les scribes, les chefs des prêtres, les anciens, les sadducéens, les hérodiens, les esséniens, les zélotes. Même si ces gens étaient différents les uns des autres, tous soutenaient le même système politique et religieux.

Pour Jésus, ce qui était important, et ce qui l’est aujourd’hui plus que jamais,
c’est les gens ordinaires et leurs besoins en commençant par le droit à la dignité.




dimanche, avril 01, 2007
 
"Dieu, c'est quand on s'émerveille!"

Quel homme et quel Dieu ?

« Il nous faut changer de Dieu. »

La réforme de l’Eglise selon Maurice Zundel dans « Eglise et théologie, No23 (1992), 31-47.

Jésus a vécu à une époque agitée : on s’attendait à la venue d’un leader qui allait renverser le pouvoir de Rome. Celui qu’on attendait serait un Messie-Roi. Pour les riches et les autorités religieuses, il prendrait possession de Jérusalem, il aurait une armée, un pouvoir, bref il remplacerait le pouvoir de Rome par un autre pouvoir, celui des autorités religieuses juives avec leur trône et leur domination ...

Les gens ordinaires, eux, avaient faim et soif de justice. En rencontrant l’homme Jésus, tout entier centré vers leurs besoins, leur faim de justice, de dignité, ils en venaient à penser que ce serait lui, le Messie… comme ces deux compagnons d’Emmaüs le disent : « Nous espérions, nous, que c'était lui qui allait délivrer Israël (Luc 24,21) »

Jésus met cette attente sens dessus dessous : tout simplement parce que le Dieu
de Jésus est différent du Dieu des institutions et de la synagogue.
Dieu n’est ni empereur, ni Tout puissant, ni seigneur des armées, ni pontife protégé jour et nuit par
des gardes suisses…

Pour que tout le monde comprenne bien : « Jésus les appela, et leur dit: Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent. Il n'en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous. Car le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs » (Marc 10 :42-45)

Difficile d'être plus clair, difficile aussi, pour les uns et pour les autres de comprendre, concrètement,
ce que cela voulait dire! C’était mettre la hiérarchie la « tête en bas et les pieds en l’air ». Invraisemblable. Aujourd'hui plus que jamais!

Voilà : le Dieu de Jésus n’est pas à l’image des chefs et des rois, il est tout simplement le créateur qui aime sa création et ses créatures. C’est comme ça : il est l’AMOUR, Jésus le nomme dans son unique prière qui est la nôtre, Père…ou Abba…comme celui qui fait la fête avec ses enfants en famille,
une grande famille planétaire…


Tout au long des trois ans passés sur les places publiques, cheminant par monts et par vaux, rencontrant
les riches et les pauvres là où il les croisait, ce jeune paysan juif, ce bel homme, proclamait qu’un
« autre monde est possible ». Un monde à l’envers de celui qu’il sillonnait dans tous les sens, à l’envers du notre 2000 ans plus tard. Concrètement.

La famille élargie de Jésus, n’aurait pas de classes sociales, les biens seraient mis en commun,
les hiérarchies seraient oubliées…

"Il s'agit simplement d'établir l'égalité" déclare à ce propos, l'Apôtre Paul, car
"il n'y a plus ni Juifs ni non-Juifs, ni gens libres ni esclaves et ni hommes
ni femmes… »
(Ga.3 :28).

Prendre Jésus au sérieux : ce serait exactement ça ! L’institution le trahit. Depuis Constantin.

Aujourd’hui dans les églises et les temples, c’est le « dimanche des rameaux »

Jésus pressentait que quelque chose allait lui arriver… il faisait route vers Jérusalem pour
« la Pâques juive ». Il était inquiet! L’amour des uns et la haine des autres étaient quasi tangibles
alors qu’il passait !



Il trouve un petit âne qui le porte à petits pas à travers les ruelles…les gens jettent des feuilles et des branches d’olivier sur la route… la foule grandit, les gens chantent « bénis es-tu, cher Yechouah ! » On se croirait en Afrique du Sud en attendant Mandela qui surgit de sa prison…



Mais c’est Jésus en dos d’âne qui marche à quatre pattes au sol, les pieds sur terre, il avance lentement
se frayant un passage au milieu de la masse, au milieu de nous, pas au-dessus. Ce qu'il apporte est bien là,
c'est ici, à notre niveau, pas au-dessus de nos têtes…

Des pharisiens hurlent à Jésus l’ordre de faire taire les gens et Jésus répond :
« S’ils se taisent, les pierres crieront » (Lc 28 :40)



La tension monte… Jésus n’en peut plus… comme il approche de la ville, Jésus en la voyant, pleure sur elle… il arrive qu’on pleure avec lui sur le sort de la planète et de ses habitants…de nous-mêmes, dans le désespoir de notre impuissance...