KATUTURA


jeudi, mai 17, 2007
 
Pour mieux voir




Chers amies et amis qui passez par Katutura, pour voir mieux, il faut une petite intervention chirurgicale
à un oeil et... je serai absente de ce cher Katutura jusqu'au 3 juin!

Je reviendrai avec un regard tout neuf sur notre petite planète et ses habitants
je vous porte dans mon coeur...



mardi, mai 15, 2007
 
Visite au Brésil
Gaudium et Spes



C’était en Afrique du Sud, dans les Cape Flats, ou, si vous voulez, les favelas du Cap.
Des enfants faméliques venaient à la Mission Saint François. J’étais responsable de la Catéchèse.
Au programme : enseigner aux enfants la manière de « se confesser avant de communier ».
Confesser quoi ? des péchés. C’est quoi un péché ? C’est voler, mentir, se battre, tuer ?

J’avais eu une discussion laborieuse avec le prêtre « responsable ». Ma question :
« communier, c’est quoi ? Se confesser, c'est quoi quand on a faim et soif? »

Il ne comprenait pas ma question, cet ecclésiastique, ou plutôt il ne comprenait pas qu’on questionne un ordre établi par les autorité ! Il était plutôt malheureux qu'aggressif!

Il dit : « Avant de recevoir le Pain du Ciel , l’âme doit être purifiée par la confession des péchés ! »
Je lui dit : « Qu’est-ce qui est le plus urgent : nourrir un enfant d’abord, et le nettoyer (to clean) ensuite ?
ou le contraire ? »

Le prêtre s’énervait, les enfants m’attendaient. Je suis retourné vers eux. Un à un ils venaient me dire
avec des grands yeux rayonnant de vérité qu’ils avaient volé et qu’ils avaient menti. Ils avaient volé des pommes, des bouts de brioche aux étalages des trottoirs ou ailleurs et ils avaient détallé pour manger
ou cacher leur butin. Tout comme Oliver Twist, vous connaissez?

Questionnés par certains qui les avaient vu voler : ils juraient que Non ! Parfois ils se faisaient battre. Ils regardaient ces bouts de pain qui allaient permettre aux petits frères et sœurs de ne pas mourir de faim…
et moi je pensais : voilà le pain du ciel !

J’ai dit à mes petits amis : vous en faites pas. Si vous avez faim prenez! mais surtout ne vous faites pas prendre !
Dans la Boîte, on va dire qu'on a volé, menti, emmerdé quoi puisque le confesseur attend cela...

Ils sont donc passés par « la boîte à confession » plus tard. Le prêtre a été satisfait du fonctionnement
de la mécanique sacramentelle. J’étais dans un coin à attendre mes gosses et je guettais d’un coin de l’œil
leur sortie de la « boîte ». Ils en sortaient avec un petit sourire de travers et leurs grands yeux ensoleillés
de vérité, ils venaient s’asseoir près de moi, et je disais… on va dire ensemble « notre Père…
notre pain avec Jésus ».

Idem dans les favelas au Brésil. Aux Philippines, ailleurs...! Les enfants ramassent sur les dépotoirs
de Rio des crottes de pain, des crottes de toutes sortes, empoisonnées parfois. Ils mangent, ils meurent,
ils rapportent des restent à la maison…

Des enfants sans père, des paysans sans terre...

et voici qu’un Monsieur arrive de Rome
et sous l’œil protecteur des armées du ciel et de la terre, le souverain pontif clame ce qu’on ne doit pas faire et ce qu’on doit faire ! Pas de politique surtout, pas de confrontations sociales surtout.

« On va en finir avec les théologiens et leur théologie de la libération ! » On va dire aux riches de partager
et de rester riches, forts et généreux et aux affamés « qu’ils sont bienheureux car le royaume des cieux est à eux » qu’ils soient pauvres, soumis, obéissants et. Surtout qu’ils croient de tout leur cœur au « pain du ciel ».

Je suis cynique ? Les pauvres me diront Non et les riches me diront peut-être Oui. Allez savoir.

Mais je me dis que les gens de Rome auraient pu relire la vie de Martin de Porres




et celle de son confrère dominicain: de Bartolomé de Las Casas




Pour se redonner du courage:
quand il est insoutenable de voir une Eglise trahir Jésus par son faste et son pouvoir, il est bon de revenir
à ces quelques paroles de « Joie et Espérance » (Gaudium et Spes), un texte encourageant
et plein de sagesse de Vatican, un texte qui respecte la créature et le Créateur

Dignité de la conscience morale: Gaudium et Spes No 16

« Au fond de sa conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun résonne dans l'intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela. » Car c'est une loi inscrite par Dieu
au cœur de l'homme; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera (9).

La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul
avec Dieu et où Sa voix se fait entendre (10). C'est d'une manière admirable que se découvre à la conscience cette loi qui s'accomplit dans l'amour de Dieu et
du prochain (11). Par fidélité à la conscience, les chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution juste de tant de problèmes moraux
que soulèvent aussi bien la vie privée que la vie sociale ».





samedi, mai 12, 2007
 
Pour l’abbé Pierre, confronter les autorités et construire des maisons ne font qu’UN



Le très actuel et dernier ouvrage d' Albert Nolan (que j’ai déjà mainte fois nommé dans Katutura) ne cesse de m’éclairer. C’est « Jesus Today ». Plus je le lis et le relis plus je trouve que Yechouah, donc Jésus, est proche de nous. Il est l’un d’entre nous. Bien plus, son esprit nous anime depuis toujours !

Il m’anime parfois sans que je le sache et ce n’est que plus tard que je m’émerveille : vraiment, c’est Lui qui m’a poussée à certaines audaces. Des audaces, des prises de position, des engagements condamnés
par les uns et encouragés par les autres !

Qui sont « les uns et qui sont les autres ? »

Selon ma compréhension de l’auteur de « Jésus aujourd’hui », les « uns et les autres » ont une vision du monde, de Dieu, de notre responsabilité en tant que co-créateurs, totalement différente et souvent opposée !

C’est le système de la séparation :

· la spiritualité séparée de la politique
· la prière séparée de l’engagement pour la justice
· la mystique séparée de l’action prophétique

Il y a des exceptions. Oscar Romero, Helder Camara, Dorothy Soelle, Thomas Merton, Mahatma Gandhi, Beyers Naude, François d’Assise et bien sûr, le plus proche de nous aujourd’hui : Jésus.



Pour ceux que j’ai nommé et pour tant d’autres, la séparation entre la spiritualité et la politique n’existent pas, ni la prière de l’engagement, ni la mystique de l’action prophétique. Tout au contraire :

l’engagement politique et prophétique vérifient l’authenticité de la spiritualité ! En d’autres termes, l’action est « l’expérience du Créateur ». C’est ma prière, ma spiritualité, ma contemplation !
C’est un tout organiquement lié !
Mais le regard que portent trop souvent les autorités sur les personnes engagées pour la justice est un regard qui craint la force des pauvres face aux pourvoir des institutions!

D'où le harcèlement des théologiens de la libération! Aujourd'hui encore et la destrction systématiques des communautés de base! Même aujourd'hui, au Brésil, le l'actuel Pape insiste sur la séparation! Bien qu'il s'adresse aux pouvoir politique!!! Il condamne à mots couverts la lutte pour la libération et pour la justice.

D’autre part il arrive aussi que ceux entièrement pris dans la lutte pour un monde un peu plus juste, viennent à penser que ceux et celles qui ne font « QUE » prier sont indifférents à la misère du monde.
Ce qui n’est pas toujours le cas et nous le reconnaissons. Thomas Merton eut sa période de contemplation avant de réaliser que sa contemplation débouchait sur l'action pour la Justice!

Je crois que ces derniers sont plus ouverts à la compréhension des Institutions et de leurs autorités que le contraire ! Mais combien d’énergie gaspillée lorsque les autorités épient et persécutent ceux qui, comme Jésus, annoncent la Bonne Nouvelle d’un « autre monde possible » ici et maintenant !

Il est plus facile pour les « racines » de regarder vers le haut que pour celui perché au sommet d’être conscient que les « racines » existent dans tous ce qu’elles ont d’autonomie humaine.

Mais, au-delà des quelques réflexions que je viens de partager, la chose la plus importante est la réalisation qu’une parfaite synthèse existe en Jésus entre action et contemplation ! Pas de séparation pour Jésus entre la critique des institutions et de leurs gardiens et sa prière ! Pas de séparation entre l’appel qu’il lance aux opprimés de se mettre debout et de marcher et sa spiritualité !

Il en payé le prix ! Mais c’est aussi le prix de sa victoire pour nous comme pour lui.



Lève-toi, avance et tu seras libre pour libérer tes soeurs et tes frères!



vendredi, mai 11, 2007
 


Chaque année, les Sœurs peuvent faire une semaine de retraite, c’est-à-dire, elles peuvent se rendre dans un endroit paisible si possible et, huit jours durant, prendre le temps de manger tranquillement, de dormir paisiblement, de retrouver des consœurs d’un peu partout pour être ensemble à la chapelle, et dans une grande salle où un conférencier donnera 2 conférences par jour sur un sujet présenté à l’avance.

Le but est, comme je le comprends, de nous aider à chercher et à trouver un sens à la vie de Sœur aujourd’hui.

Pour moi, j’essaie de chercher le sens d’une lutte pour un monde juste et fraternel, dans la réalité d' un réseau de systèmes liés les uns aux autres, des systèmes qui tiennent dans leurs griffes les gens de la rue, ceux et celles des sous-sols de l’humanité, des systèmes qui ont maintenant leur propre impulsion et qui mènent à l’anéantissement ceux qui en profitent et ceux qui en sont les victimes ! L’ABSURDE !

On se demande : est-ce que l’absurde est devenu quelque chose de mondialement normal ?
On élimine ce mot gênant de notre vocabulaire… On met sa tête dans le sable comme les autruches
et on cherche des signes d’espérance.

Mais est-ce que ces signes d’espérance éclairent et provoquent et défient ma tête enfouie dans le sable ?
Et puis, si je sors ma tête de sa cachette sableuse, est-ce que ces signes d’espérance sont liés et reliés aux signes des temps, comme la clé et la serrure?

Example :
Un signe des temps : on tue les journalistes



Comme Jésus, les journalistes scrutent le quotidien des gens de tous les jours. Ils dénoncent, avec les moyens qu’ils ont, radio, télévision, la presse, ils dénoncent l’injustice pour annoncer qu’un autre monde
est non seulement possible, mais que c’est une urgence de survie pour tous !

Comme Jésus. Dans leur cœur, ils pleurent sur les métropoles et leurs égouts…
Ils sont au désert de l'actualité, concentrés au bout de leur plume pour trouver des « mots pour le dire » !

Pour avoir dit la vérité : ils seront kidnappés, tués, laissant les sans-voix, sans voix !

Example:

En Palestine Alan Johnston

Eliminer les journalistes: un signe des temps

La peur de la vérité : un signe des temps

Eliminer Jésus : un signe des temps en son temps en Palestine. Il avait eu l’audace de dire devant son juge :
« je suis la Vérité »

Signe d’espérance : la résurrection de l’esprit de Jésus, qu’on avait « mis au tombeau » une fois pour toutes, qui en sort et se hâte vers les Galilées d’aujourd’hui…

Il est je crois, ce « Jésus aujourd’hui » dans le regard des journalistes et au bout de leur plume, eux qui annoncent la Bonne nouvelle en dénonçant les pires atrocités … au prix de leur vie, trop souvent !



J'ai réfléchis à ça durant ma retraite...



mardi, mai 01, 2007
 
Retraite



Nous sommes des individus, nous sommes seuls, quand bien même nous sommes pris dans une foule d’autres individus, quand bien même nous sommes liés les uns aux autres par le fait que nous sommes des humains…
autant essayer de s’aimer puisqu’on est fait pour ça. C’est plus facile à dire qu’à faire ! C’est pour ça que,
de temps en temps, quand c’est possible, être quelques jours « hors circuit », en « retraite » cela fait beaucoup de bien.

Et je serai « hors circuit » ou « en retraite » dès demain, 2 mai et jusqu’au 9 mai ! J’essaierai d’écouter l’esprit de Jésus…comme on écoute le vent qui souffle où il veut et, souvent, là où ne l’attend pas !

Jésus a eu la sagesse de dire :

"Aime ton prochain comme toi-même !" Quand on sent se poser sur nous le regard aimant du prochain, on se sent meilleur : on s’aime soi-même.
Quand on sent se poser sur nous le regard méfiant du prochain, on se sent humilié : on a tendance à se mépriser soi-même.
Nous vivons dans une société où le regard des passants est très souvent soucieux, agressif, introverti,
absent : il ne se pose plus sur les personnes qu’il croise. Le regard des passants est parfois lourd de soucis,
de frustration, de souffrance… parfois ce regard laisse percer une lueur de joie, d’espérance, d’amitié !
Quel bonheur !



à bientôt !