KATUTURA


lundi, mars 31, 2008
 
Quand la soupe aux pois nourrit la solidarité



La soupe aux pois, pourquoi ? « Parce que le soutien populaire pour les grévistes de la Boillat fût magnifique. Parce que partout dans notre pays des élans de solidarité s’étaient manifestés. Parce que nous connaissons toute l’angoisse et les difficultés que l’on rencontre en période de grève. » (Une voix pour la Boillat avec toute ma reconnaissance à Karl. www.laboillat.blogspot.com/) Les femmes en colère disent : « «Nous connaissons toute l'angoisse et les difficultés que l'on rencontre en période de grève ». A Reconvilier on sait de quoi on parle quand on évoque la grève.

L’expérience des grévistes de CFF Cargo est la résonance de ceux de Reconvilier. Et d’ailleurs. Dans ce conflit, qui va sortir vainqueur ? Le système des entreprises a sa propre impulsion et, comme Swissmetal et Hellweg, Cffcargo et Meyer sont des pions dans la machine à produire le maximum avec le minimum de mains d’œuvre, donc d’ouvriers. Ils fonctionnent dans des rouages vide de vie. Les grévistes aussi. Patrons et ouvriers sont des êtres humains. Tous ont droit à ce que leur dignité d’homme soit respectée.

Dilemme.

Comment faire ? S’asseoir à une table ronde et manger la soupe ensemble ? Avec Moritz?
Imaginons que patrons et ouvriers se mettent à table et savourent ensemble la soupe aux pois des femmes en colère de Reconvilier, le goût de la Soupe ferait prendre conscience que notre survie à tous consiste à lutter pour « le plus grand bien pour le plus grand nombre ». Les femmes ouvrières connaissent la valeur de la solidarité, de l’amitié… oui la valeur de la soupe et du pain !

La paix du travail est à ce prix.
La Voix de la Boillat : « "Notre richesse, c'est notre détermination. Quelle que soit la fin, l'esprit de la Boillat est toujours vivant, même si le bon sens ne peut rien face au pouvoir de l'argent ». Est-ce inéluctable ?
Il y a deux ans, dans mon blog Katutura, je disais : « Quand les femmes marchent, c’est qu’elles ont un but : elles luttent pour un monde meilleur.

Ensemble, elles sont immunisées contre la peur des « trônes et des dominations ».
Quand des femmes ont l’idée de nourrir la solidarité avec de la soupe aux pois , du Jura au Tessin et bien au-delà des frontières, alors l’espoir pascal renaît.
Goliath est un géant. David est tout petit. Il nous faudra manger beaucoup de soupe pour continuer la lutte. Et gagner. Je crois à la victoire, même si on meurt… debout.
Bon appétit !



vendredi, mars 28, 2008
 
Pâques c’est déjà loin, qu’est-ce qu’il en reste ?
Qu’est-ce que ça change ?

Reste ce qui fut dès l’origine : l’énergie sans cesse active qui nous permet de vivre dans nos Galilées d’aujourd’hui.
Vivre sans aimer, c’est être mort. C’est fonctionner dans un système vide d’âme.




Aimer, c’est vivre comme la bougie qui éclaire, brûle, se consume.
C’est le cierge pascal, un beau symbole de Jésus ressuscité.
Un demi-symbole seulement, car Jésus est bel et bien vivant, dans ta peau, dans ton cœur et dans ton esprit à moins que, délibérément tu le rejettes et ce n’est guère possible car il reste excessivement discret. On parfois inconscient de sa présence.

Alors toutes ces fêtes pascales, ça change quoi ? Le fait que des maisons religieuses (comme celle où je vis) ouvrent leur porte, accueillent à leur modeste table, les visites annoncées ou pas annoncées, c’est l’ouverture pascale.

Le fait de la solidarité de la Boillat et des gens de partout avec les grévistes à Bellinzone prend de l’ampleur, c’est le fruit de la Bonne Nouvelle de Jésus.

Le fait que Pier Giacomo Grampa, évêque de Lugano, soit au milieu des ouvriers, l’usine remplaçant le palais épiscopal, voilà une conversion pascale. Le fait qu’on lui tape sur les doigts quand il veut communiquer avec la jeunesse estudiantine , voilà l’effet secondaire d’une conversion authentique à la lumière du mystère pascal !

On peut continuer à chercher les traces de Jésus vraiment ressuscité dans notre actualité, on les trouve sans nul doute !



samedi, mars 22, 2008
 
La dynamique pascale



A tous ceux et celles qui font un petit tour dans la blogosphère , je dis un grand bonjour printanier et teinté d’une espérance pascale dépouillée d’illusion.

Une consœur d’Afrique du Sud vient de m’envoyer un mail avec cette question:
« Concrètement c’est quoi, pour toi, la « dynamique pascale ? »
Elle m’oblige à réfléchir et j’en suis ravie.

La question me poursuit, je vous la transmets sur la blogsphère , non pour m’en débarrasser j’espère, bien plutôt pour trouver des amis qui m’aideraient à y voir clair ! Notre petite planète est malade, la question :
une vie nouvelle pourrait-elle renaître de ses cendres si elle venait à disparaître et nous avec…
mais doit-on en arriver là pour actualiser la résurrection en direct ?

La dynamique pascale : Christ est ressuscité! Qu’est-ce que ça change ?

Beaucoup de belles cérémonies « pascales », des cierges allumés plongés dans l’eau pascale, des baptêmes ,
et c’est bien … les lectures de la création s’enchaînant, longues à n’en pas finir sans beaucoup d’explications quant à leur parenté avec les mythes.

Qu’est-ce que ça change dans notre société où le partage est si difficile à réaliser… où les luttes des ouvriers (grèves de la Boillat et des CFFcargo) pour leur pain quotidien, sont si facilement condamnées.
Où « das liebe Geld » accumulé paraît être une fin en soi ? Peut-être que la résurrection en direct pourrait relativiser, voir ébranler ce Mammon fait de la sueur de ceux et de celles que Jésus est venu libérer
avec un engagement tellement concret qu’il en est mort ! Jésus ressuscité n’exige pas de nous un grand chambardement ; il nous montre simplement le chemin de la conversion et de la solidarité.
Du sel dans la soupe, du levain dans la pâte ? C’est invisible et efficace.

C’est déraciner toutes les apartheid, qu’elles soient hiérarchiques ou horizontales.
C’est renverser les trônes, les dominations. Ils sont légions !
La résurrection en direct, c’est prendre la température de notre petite planète…
chercher des remèdes appropriés et les appliquer, dans les pays du sud comme dans ceux du nord…

Le frisson pascale de cette nuit déboucherait alors sur l’envie de danser … parce que, eh ! bien,
comme les femmes l’ont entendu devant un tombeau béant : « Ne cherchez pas celui que vous aimez
parmi les morts, il est vivant…il vous précède en Galilée ! » A Bulle, à Lausanne, au Jura, au Tessin,
en Irak, en Zambie, en Roumanie…au Cap des tempêtes et de Bonne espérance.

Je crois que Pâques c’est une dynamique de transformation, une espérance sans illusion !?
Je vais l’écrire à ma consœur qui m’a posé la question et essayer de lui donner
quelques exemples concrets.



jeudi, mars 20, 2008
 
Jeudi saint



Ils étaient autour d’une table, ce soir-là. Jésus comme d’habitude était à la disposition de tous. Ils avaient faim, ils avaient soif. Comme ils avaient beaucoup marché, leurs pieds étaient empoussiérés, sales.
Jésus les lave, un par un. Tous. Lequel d’entre eux aurait eu l’idée de lui rendre la politesse.
Jésus passe outre.

Ils mangent et boivent comme c’est la coutume ce jour-là proche de la Pâques…le passage, au-delà,
comme au temps des Hébreux et de leur Moïse, pour conquérir la liberté.
Jésus sent qu’on lui en veut à mort, il a peur et il est triste mais il ne veut pas trop le montrer car ses amis
sont des « gens de peu de foi et de courage ». Il avait dit ça, une fois, un peu ironiquement, Jésus.
Il avait mis sa confiance en ces apôtres-là sans se faire d’illusions !!! Comme aujourd’hui ! Mais il va
de l’avant, sa vie est comme une petite bougie qui brûle jusqu’au bout. « Burn on till you burn out !

En direct, il y a des années :
Dans un township du Cap, on se rassemblait le jeudi saint dans la plus grande halle qu’on trouvait. Notre ami, Albert Nolan (voir Jesus today) était avec nous. Je devais m’occuper de trouver des « hot cross buns » pour nous « souvenir du partage ». Les gens étaient pauvres et nous aussi. Un boulanger m’avait dit que, pour cette fois, il nous offrirait les « hot cross buns » traditionnels. On est allé les chercher vers 15h00. Ces « petits pains avec une croix dessus » sentaient le Pain tout frais !
Chacun put en manger un ou deux ou trois. Lentement pour faire durer le plaisir. Nous chantions. Ce jour-là, Kevin avait sa guitare ! (Aujourd’hui, il est évêque, il vit à Rustenberg, Kevin Dowling, il dit publiquement que le condom ne condamne pas les hommes et les femmes au feu de l’enfer ! Et ce qu’on voit très très très rarement, Kevin n’a pas de palais épiscopal ! Il est resté aux Grassroots et en connaît la réalité. On s’est rencontré en 1999, la dernière fois).

Bon, ce jour-là, Kevin avait sa guitare et nous avons chanté, en anglais, le chant de la Boulangère,
en anglais pour nous "The Baker-woman" :
Un beau chant liturgique. Le mystère de la faim, du pain et de la vie dans notre monde.

Dans un lieu sans église, un lieu de liturgie en direct :

« La Boulangère en son logis pieux,
Avril venant, reçut le grain de Dieu.
L’a mis à l’ombre en son humble grenier.
L’a serré là, pendant neuf mois entiers.

Refrain :
Faites-nous le Pain,
Marie, ô Marie !
Faites-nous le Pain,
Car nous avons faim. "

Après trente ans, l’ayant du four ôté,
Son fils unique, en ville, l’a porté
A tous les gens affamés d’alentour,
Le Pain nouveau, le Pain tout chaud d’Amour.

Servez-nous le Pain,
Marie, ô Marie !
Servez-nous le Pain,
Car nous avons faim. "

La Boulangère a pris un long chemin
pour s’en aller à la Maison du Pain,
Pour le pétrir elle a peiné la nuit.
L’a mis au monde, environ la minuit.

Cuisez-nous le Pain,
Marie, ô Marie !
Cuisez-nous le Pain,
Car nous avons faim. "

Pour trente sols, le marchand l’a vendu.
Pour trente sols, mille dents l’ont mordu
Au grand repas qui fut un vendredi
Servi pour l’homme à l’heure de midi

Livrez-nous le Pain,
Marie, ô Marie !
Livrez-nous le Pain,
Car nous avons faim. "

L’a cuit trente ans au feu de sa maison,
A la chaleur de sa belle saison,
A la douceur de son cœur le plus doux,
Le tendre Pain, le Pain blond, le Pain roux.

Portez-nous le Pain,
Marie, ô Marie !
Portez-nous le Pain,
Car nous avons faim. "

Mais quand l’a vu meurtri, rompu, détruit
Le Pain vivant qu’elle avait fait de nuit,
Comme un agneau par les loups dévoré,
La Boulangère en grand deuil a pleuré.

Pleurez sur le Pain,
Marie, ô Marie !
Pleurez sur le Pain,
Car nous avons faim. "

(De son vrai nom Marie Rouget, la poétesse Marie Noël
est née et est décédée à Auxerre (1883-1967)

Les gens du township à l’époque, savait ce que signifie « avoir faim » et pourvoir savourer un
« hot cross bun » en compagnie des autres.

Quand nous disions « donne-nous notre pain quotidien », nous savions que c’était une prière réelle,
nous savions que le Créateur ne nous donnerait pas de pain à moins que nous ne luttions pour l’avoir
et le partager. Comme dans tant d’endroits, aussi en Suisse aujourd’hui.

Quelle source d’énergie, ce souvenir de la cène avec Jésus dans le township, quelle source d’énergie,
ce mémorial…



lundi, mars 17, 2008
 
Quand il est sage de demander conseil



J’écrivais hier :

« Plus j’essaie de découvrir Jésus aujourd’hui dans les cérémonies liturgiques de la semaine sainte, plus cela me semble déconnecté de notre actualité. » Que faire ?

A peine trois mois qu’on fêtait l’anniversaire de Jésus et voilà qu’on célèbre ses trois derniers jours sur terre… Les étalages des supermarchés ont à peine le temps de changer de toc, de clinquant et de revoir leur pub pour un chiffre d’affaire nécessairement plus haut que l’année écoulée…C’est un must !
Et les médias qui déversent à chaque télé journal le nombre de tués, les violences, attentats, guerres, et, plus « troublante » ( !) encore, la grippe des banques, surtout celle de l’UBS…

Entre temps les temples et les églises, se remplissent davantage que d’ordinaire, surtout le vendredi saint et c’est bien. Question : « Y a-t-il un lien existentiel entre la réalité vécue et les copiés-collés à répétition, sur un ton monotone, des textes liturgiques ! Y a-t-il un lien existentiel entre le vendredi saint de Jésus aujourd’hui et celui dont on raconte l’histoire cette semaine sainte ? »

Pascal, ce philosophe a dit : « Jésus est en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ». Cela rime à quoi ?

Enervée envers moi-même, j’ai cherché conseil auprès d’un ami et voici ce qu’il m’a dit : Ecoute ce que conseille Jésus…
« Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte,
et prie ton Père qui est là, dans le secret… »

et j’ai lu tout le chapitre de Mathieu du commencement à la fin (6 :1-34) et ce message tout neuf bien que si souvent lu, a mis du soleil dans mon cœur, une énergie nouvelle dans mon esprit… et un amour élargi pour celles et ceux qui ne pensent ni n’agissent comme moi sans pour autant abandonner mon cheminement main dans la main avec la foule innombrable du « ras des pâquerettes ».



dimanche, mars 16, 2008
 
Dimanche des rameaux

Doris Lessing ne me quitte pas. Son cheminement de Kermanshah, en Perse, aujourd’hui l’Iran, à la Rhodésie, aujourd’hui le Zimbabwe, puis en Afrique du Sud, et en de nombreux pays y compris la France qu’elle aime, elle poursuit son chemin en Angleterre que j’aime.
Sa pensée me réconforte car, d’une certaine manière, elle me libère de toute illusion qui pourrait m’habiter encore de vouloir obstinément faire avancer la transformation du monde du monde en un « lieu de justice et de paix pour tous ». Et réussir ( !!!).

Ce qui est sûr, c’est que Doris Lessing croit à la Vérité, elle croit en la dignité de l’homme tout court, et de tous les hommes, surtout de celles et de ceux des racines, le ras des pâquerettes, une mauvaise traduction de l’intraduisible expression Grassroots ! Dont je crois faire partie depuis ma naissance au Clos-du-Doubs. On y reviendra.

Il arrive que des circonstances te placent dans un contexte qui n’est pas exactement le ras des Pâquerettes. Ce qui permet, comme une petite souris, de guigner à travers les trous d’un tapis rouge pour observer celles et ceux qui se promènent dessus, se demander ce qui les pousse vers la porte d’entrée ou de sortie d’un édifice souvent tout en hauteur…un édifice laïque ou religieux.



Il est prêt pour Jésus, le petit ânon

« L’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, ça rime à quoi ? »
Le jour des rameaux, demain donc, de nombreux fidèles vont célébrer , rameaux-palmes, branches d’olivier, branches de buis en main, l’entrée de Jésus à Jérusalem. Et c’est bien ainsi. Des hosannas seront chantés, c’est aussi bien.
On trouve l’origine de cette événement dans le Lévitique (XXIII, 39) : Bien avant Jésus.

« Le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez récolté les produits de la terre, vous irez en pèlerinage fêter Yahvé pendant sept jours. Le premier et le huitième jour seront jours de repos.

Le premier jour vous prendrez de beaux fruits, des rameaux de palmier, des branches d'arbres touffus et de saules des torrents, et vous serez dans la joie pendant sept jours devant Yahvé votre Dieu.

Tous les habitants d'Israël habiteront sous des huttes, afin que vos descendants sachent que j'ai fait habiter sous des huttes les enfants d'Israël lorsque je les ai fait sortir d'Égypte. » Des huttes, pas des édifices. Des tentes.

Hoshanna et Yéshoua , quasi la même prononciation ! (merci au site Lexilogos).

Etre délivré et sauvé de qui, de quoi en ce temps-là ? De la domination romaine, de l’exploitation des Hérodes et des grands prêtres ?
Etre libéré par qui et comment ? Yéshoua ! Sa personne égale : être libéré !

Pas de tapis rouge. L'âne sur lequel est assis Jésus est un ânon ! Comme l’avait dit le prophète : « Voici que ton roi vient à toi ; humble, il est monté sur une ânesse, sur un tout jeune ânon, petit d'une bête de somme »."( Zacharie IX, 9 )

Quel sens, cette liturgie des rameaux dans notre actualité ? Est-ce une répétition telle du copié-collé ? Avec un sermon peut-être.

Jésus était menacé, il le savait, il a bien essayé de monter vers Jérusalem par un chemin moins dangereux. Mais il ne se dérobe pas des gens qui viennent. Il les prend comme ils sont. Ces mêmes personnes, dans un jour ou deux crieront leur furie « Tollé, à mort ! »

Plus j’essaie de découvrir Jésus aujourd’hui dans les cérémonies liturgiques de la semaine sainte, plus cela me semble déconnecté de notre actualité. On le trouve ailleurs, Jésus et son ânon, peut-être de l’autre côté du mur qui sépare la Palestine d’Israël. En train de mourir de faim et de soif de justice ! Ta terre natale, qu’en penses-tu Jésus ? Aura-t-on l’audace de célébrer la semaine sainte en terre sainte ? Je crois que ton refuge se trouve au cœur des « Grassroots ». Toi et l’ânon. On assaira de ne jamais dire « Tollé ».

Grassroots



mercredi, mars 12, 2008
 
De Reconvilier à Bellingzone

La lutte continue et Doris Lessing serait de la partie !

Le Blog « Une voix pour la Boillat », le 26 janvier 2008 :

« Il y a 2 ans, la Boillat se mettait en grève. On s'en souvient comme
si c'était hier ».


Plus de 2 années de lutte, de conflits, de souffrance, de mûrissement avec une apparente défaite,
une défaite certaine aux yeux de Swissmetal.

Pour les grévistes : le refus d’être réduits à des instruments de production jetables. La conscience
que la dignité de l’homme, des ouvriers exige la lutte face aux systèmes d’exploitation.

A Reconvilier, la Pastorale Monde du Travail qui « reçoit son mandat de l'Eglise catholique de Suisse romande pour porter une attention particulière aux multiples réalités du travail … qu'internet nous rende plus proche de vos préoccupations de travailleur ou de chômeur, voilà notre souhait», cette pastorale s’était publiquement, engagés au côté des grévistes.
(Une Voix pour la Boillat, le 28 février 2006)





Bellinzone, le 7 mars 2008

Grève au Tessin : CFF Cargo: menaces de licenciements au Tessin - actions à Fribourg.
Plus de 400 « surplus people » au Tessin. Plus de 50 ouvriers redondants à Fribourg.
Une centaine seront déplacés ailleurs comme une lettre à la poste.

Leur dignité d’êtres humains exige une action. L’arrêt de travail pour dire : « nous sommes ici,
écoutez-nous ».

Réaction : CFF/CFF Cargo: menace de licenciement contre les grévistes tessinois et Leuenberger
de murmurer : on vous comprend mais y aura rien à faire !

Surgit quelqu’un qui gêne et c’est tant mieux :
L'évêque de Lugano solidaire avec les grévistes.


Il est concret comme Jésus, son engagement va au-delà de paroles de consolation.
« L'évêque de Lugano, Pier Giacomo Grampa, a assuré son soutien aux grévistes des ateliers CFF de Bellinzone. Si cela devait se révéler nécessaire, il organisera une récolte de fonds auprès des paroisses tessinoises pour financer l'action. »
Si la grève devait durer jusqu’à Pâques, « Monseigneur Grampa célébrera la messe dans les ateliers occupés et partagera le repas avec les ouvriers en grève. C'est ce que l'évêque a annoncé lors de l'assemblée du personnel ». Il a appelé les grévistes et les syndicats à rester fermes dans leurs revendications.
Il les a assurés du soutien de l'Église…

Dixit l’évêque l’évêque de Lugano, Piergiacomo Grampa:

«Je serai ici le jour de Pâques pour célébrer la messe et manger l’agneau avec vous. Je ne comprends rien aux locomotives, mais je m’intéresse à vous, à vos enfants et à vos épouses. Restez lucides, soyez sages et faites les bons choix». Bravo et merci !


Oui, nous avons besoin d’un Monseigneur Grampa « qui réunit en sa personne les figures de Peppone
et Don camillo » dans la réalité d’aujourd’hui, n’en déplaise à Claude Ruey qui tente, à la Radio suisse romande de ce soir, de le faire rentrer dans la sacristie !



lundi, mars 10, 2008
 
Doris Lessing IV: la faille

Le 30 décembre 2007, j’écrivais dans mon blog Katutura:





«…Partir lutter là où la «faille» est la plus inhumaine – la faille dans la création, en l’homme – cela crève les yeux.»

Quelle faille? Je trouve des synonymes de ce mot, la faille: la craquelure, la fêlure, la lézarde. La création et les créatures sont craquelées, fêlés, lézardés dès l’origine. Moi y compris. La création est en chantier. Nous sommes inachevés. Si le Créateur avait fabriqué une chose parfaite, finie, avec la marque infaillible «heaven made» que la vie serait monotone! Un monde sans faille ni fêlure, qu’en serait-il des défis à relever, des pulsions pour créer, pour inventer… absence de soif, de faim, d’appétit, de rêve, d’idéal.

Cette espèce de paradis, comme on dit, serait un reposoir quelconque, un peu comme les images de ce jardin d’Eden, avec une femme, un homme de couleur assez claire, qui se demandent quoi faire de leur vie. Ils naissent adultes. Ils n’auront d’enfants qu’après la «chute»?

Toutes les créatures de la planète seraient donc des fruits de cette «chute». Moi, vous, Doris Lessing y compris.

Un seul a réchappé à la «chute», mais il est organiquement lié à la nôtre dès sa naissance, surtout aujourd’hui… entre les murs mêmes d’institutions qui se réclament de Lui. Voyez notre planète ensanglantée du sang des innocents en Irak, à Gaza, pas un endroit sans violence, active, rampante, dormante, prête à bondir. Elle nous habite en même temps que l’amour. Quelle faille!

Le SEUL grand SEUL, c’est «Jésus, le Chemin, sinon l’arrivée, la Vérité,
la Vie»…
(Gertrud von Lefort).

Doris Lessing se sent solidaire de Lui, implicitement quand elle dit:

«Toute ma vie, je me suis sentie proche des gens qui avaient eu une enfance difficile,
je les ai compris et parfois même j’ai vécu avec eux»
(Dans ma peau, p. 37).

Doris raconte pourquoi elle ressent la souffrance des petits, des pauvres: c’est parce que, dès sa naissance, elle a connu les multiples chemins à parcourir et le pénible cheminement. Elle parle d’elle, elle écrit son autobiographie, mais c’est une autobiographie inclusive de tous, exclusive de personne.
Un cheminement dans les brousses du monde.



mardi, mars 04, 2008
 
Doris Lessing III



Un regard qui scrute l’envers des choses

La tranche de pain porte en elle les labours, le labeur du semeur, du paysan, du meunier, de la boulangère.
Je me rassasie du travail et de la sueur des faiseurs de pain. Dans quel but ?

Les superbes cathédrales suintent la sueur, les larmes, le sang des serfs, des esclaves, des païens,
des musulmans. Les évêques y célèbrent « le Dieu tout-puissant ». Quel sens ?

Les ciboires, les calices en or massif contiennent le pain, le vin…le « corps du Christ »…
Le Christ écrasé au fond des mines de Johannesburg. Quel sens ?

Les autoroutes où ne rouleront guère la main d’œuvre étrangère qui les a construite…
quel sens ?

Je peux continuer ainsi pour chaque choses que je vois, chaque objet « inanimé et qui ont une âme
qui s’attache à la nôtre et la force d’aimer » (merci à Lamartine), elle me force à « prendre conscience
de la vie des choses ».

Doris Lessing, elle, a une conscience quasi exacerbée des travailleurs de l’ombre, des petites mains,
des mineurs, des balayeurs de rue, des videurs de poubelles. Ceux-ci sont l’envers des grands de
ce monde entourés de gardes de corps ou de gardes de toutes sortes.

Tous sont des frères humains aux veines gonflées d’un même sang vermeille sans distinction de couleur
de peau, ni de longueur de nez. Alors, je questionne : c’est quoi cette faille dans la création qui sépare
les uns des autres dès son origine ? L’idée ou la réalité de l’échelle et des échelons ? La réalité des systèmes
à gogo qui créent dès avant le berceau des êtres systématisés pour une société à jamais fragmentée et guerrière ?

Doris Lessing : « Nous sommes tous fabriqués, pervertis, déformés par la guerre »
(p. 21 Dans ma peau).
Le petit cul est assis sur le bois de la prothèse de son père mutilé de guerre, et qu’elle aime.
« Comment cela –t-il pu arriver ? »

Son papa travaille à la Banque impériale de Perse à « Kermanshah où elle est née
« dans cette grande maison de pierre sur un plateau entouré de montagnes au sommets enneigés, dans cette ancienne ville de marchands… en partie réduite en poussière par
les bombes pendant la guerre des années 1980 entre l’Iran et l’Irak »

(idem p 19).
« Des guerres qui ne s’achèvent pas avec l’armistice » !!!
« Comment cela peut-il arriver ? »


Doris Lessing dit : « J’ai dû me battre pour établir ma propre réalité
et résister aux adultes qui insistaient pour me faire accepter
la leur. J’ai subi des pressions car on voulait m’obliger à admettre que la vérité était autre chose que ce que je voyais
de mes propres yeux. »
(idem p. 25)