KATUTURA


dimanche, mai 15, 2011
 

Rambrandt



Pâques 2011 (Berne-Bethlehem)

Joh 20,1-10.11-18


C'est une histoire compliquée. Elle commence avec Marie de Magdala qui se hâte de grand matin vers la tombe qu'elle trouve vide. Elle informe sans tarder les deux disciples, soit Simon Pierre et celui que Jésus aimait. L'évangéliste abandonne pour un moment Marie Madeleine et se tourne entièrement vers les deux disciples avant de revenir vers Marie. C'était évidemment important pour lui. Mais regardons attentivement ce qu'il en est vraiment.

Les deux disciples se hâtent vers la tombe, mais l'un, le disciple que Jésus aimait, court plus vite – pas simplement parce qu'il est plus jeune, mais, bien plutôt parce que le message de Marie lui donne des ailes. Il arrive le premier à la tombe mais attend et permet à Pierre de le devancer. Celui-ci sera donc le „premier“, comme une préséance quasiment officielle. Il voit les draps de lin qui avaient enveloppé le cadavre, à côté de cela, il voit le linge ayant enveloppé la tête du mort, ce linge bien plié, placé là, juste à côté. Aucun signe d'émotion chez Pierre. Le plus jeune disciple entre aussi dans la tombe. Il est écrit : Il a vu et il a cru!

Voici deux manières de percevoir: Pierre voit ce qui est sous ses yeux: le drap et le linge. L'autre disciple que Jésus aimait voit aussi ces objets, mais sa réaction va au-delà de ce qu'il voit: il voit et il croit. Son regard transcende l'objet et scrute l'au-delà des choses. Le disciple qui aimait Jésus, voit avec le cœur. Pour ceux qui aiment, la mort n'a pas le dernier mot.

Mais qui donc a le dernier mot? Les deux disciples sont quelque peu perturbés. Ni l'un ni l'autre ne peuvent en dire davantage! Pierre qui devrait être le porte-parole officiel est tellement énigmatique qu'on ne peut le comprendre.
Le disciple, le Jésus aimait, ne peut pas parler de son amour. C'est un mystère inexprimable.
Peut-être que les deux expériences prennent un sens dans leur contexte: les deux témoins „n'avaient pas compris ce que dit l'Ecriture: Jésus devait ressusciter des morts“. Nous sommes confrontés au langage codé de la parole de Dieu. Mais vraiment, il s'agit de la Parole de la Sainte Ecriture qui signifie toujours que Dieu ne veut pas la mort des justes. Il ne les abandonne pas. Et c'est précisément lorsqu'il est question de la Résurrection que Dieu agit. C'est Lui qui ressuscite le mort, c'est Lui qui est le dernier mot. Et c'est ainsi que nos deux chers disciples, n'étant pas encore arrivés à accepter ce mystère, s'en retournèrent à la maison.
Que faire maintenant! Nous serions dans une impasse si Marie Madeleine n'était pas là. L'évangéliste reprend le fil de l'histoire. Comme l'ont fait les deux disciples, Marie Madeleine aussi se penche et regarde dans la tombe, elle ne voit ni les draps de lin pliés ni le linge à côté, qui avait enveloppé le cadavre de Jésus; elle voit deux anges tout de blanc vêtu, donc deux messagers de Dieu, l'un assis à la tête et l'autre assis au pied du lieu où avait reposé le cadavre de Jésus. Ces deux messagers ne prennent pas la place du cadavre disparu, ils sont à la place de Dieu. Maria se met immédiatement à la recherche de Dieu et trouve, après des efforts parfois confus, l'homme qui lui dit: „Femme pourquoi pleures-tu?“ Il dit: „Maria!“. Elle le reconnaît, celui que son cœur aime parce qu'Il l'a appelée par son nom! Mais Il ne lui accorde pas le temps d'un tête-à-tête. Il la charge immédiatement d'une Mission: Va trouver les Frères et les Soeurs et dis-leurs de ma part: „Je vais chez mon Père et votre Père, chez mon Dieu et votre Dieu“. C'est ce que signifie la Résurrection: Le Dieu du Messie est celui qui donne la Vie et crée la communauté. Il est notre Père et notre Mère.
Il est presque impossible de résumer de telles histoires sans perdre des choses qui sont évidentes dans le contexte de l'histoire étudiée. J’essaie quand même de le faire car je pense que c'est un défi pour notre cheminement dans la foi:

· Pierre reconnaît le fait et cela est certainement très important, mais pas suffisant pour aller plus loin. L'acceptation s'adresse plutôt à l'historien et aux personnes qui demandent des faits concrets et visibles pour être valables. Mais cela reste incomplet, jadis comme aujourd'hui.
· Pour comprendre ce qui s'est passé en ce temps là et ce qui se passe aujourd’hui, nous avons avant tout besoin des yeux du coeur. Le disciple que Jésus aimait voyait les choses avec les yeux du coeur. Et pour lui, la mort, les guerres, les catastrophes ne pouvaient avoir le dernier mot. C'est l'Amour qui a le dernier mot.
· Marie de Magdala fait un pas de plus, un pas essentiel à la Résurrection et à notre résurrection : Elle se met en route et annonce aux Frères et Sœurs l'expérience qu'elle a faite lors de sa rencontre avec le Ressuscité. Elle sait maintenant que Dieu a le dernier mot. Dieu qui est Amour, veut absolument que nous ayons la Vie et la Vie en abondance. Dieu qui est notre Père et Mère. La Résurrection exige de nous que nous la proclamions parmi nous et jusqu'aux confins de la terre afin que nous faisions tous l'expérience de la Résurrection. Sans attendre, faisons le premier pas et allons au-delà de notre profession de foi en Dieu en partageant le pain.

Hermann Josef Venetz
traduction: Claire-Marie Jeannotat
Avec l'aimable permission de l'auteur.